La comptable de l'UAG devant la cour des Comptes
La comptable de l’UAG devant la Cour des comptes
Pour une créance remontant a 2005, l’actuelle comptable de l’UAG a dû s’expliquer devant la cour des Comptes.
L’audience a fait état de la grande détresse du service comptable de l’université.
Micheline Hugues, agent comptable de l’université Antilles Guyane comparaissait, mardi 16 octobre, devant la cour des Comptes à Paris. En février dernier, le parquet général a mis en cause la tenue des comptes de l’université mettant sur la sellette deux comptables, Aline Grimbert en poste entre 2005 et 2008 et son successeur, Micheline Hugues toujours en fonction. On leur reproche de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour recouvrer une créance de la Région Martinique de 18 503,30 €. Il s’agit du reliquat d’une subvention de 46 000 € destinée à organiser une journée de formation de coopération interuniversitaire au cours de l’année 2005. En prenant son poste en 2009, Micheline Hugues a bien pris soin d’émettre des réserves sur la gestion d’Aline Grimbert quant à cette créance car toutes les pièces générales des comptes de l’année 2005 ont été détruites. Elle présente en revanche une preuve que la Région Martinique a opéré un premier versement de 24 000. L’avocat général, qui demande a la cour de reconnaître la responsabilité de Mmes Grimbert et Hugues sur leurs fonds personnels, estime que la première a été « impuissante à fournir la preuve qu’elle avait répondu à ses obligations, rendant la créance irrécouvrable » et que la seconde « ne pouvait considérer le recouvrement compromis ».
La comptable fait face aux juges lorsqu’elle est invitée à s’expliquer. « Mon poste en Guadeloupe signifiait mon retour au pays après 36 ans passés dans l’Hexagone. « En arrivant, plaide-t-elle, j’ai constaté qu’il y avait beaucoup de créances difficiles a recouvrer… » Elle évoque alors ses conditions de travail avec de gros problèmes d’archivage (des mites) et un manque cruel de cadres dans son équipe. « Je devais recevoir une remontée des dépenses, je n’ai jamais eu aucune pièce », dit-elle après avoir expliqué n’avoir obtenu de la Région Martinique que le 21 mai 2012 un état récapitulatif des factures de l’UAG.
Suicide d’un comptable en 2001
Le ton, sobre et terne, habituel du prétoire de la cour des Comptes, a subitement pris un tour plus émotionnel. « Je me pose la question, lance Micheline Hugues, du devenir même de ma fonction alors que mon service est sous doté… » L’histoire du service comptable de l’UAG plaide en sa faveur lorsque l’on se souvient de la lettre laissée au président de l’université par un ancien comptable, Luc Lelarge, le 15 septembre 2001, avant qu’on ne retrouve son corps flottant au pied des falaises de l’Anse-Bertrand. Il écrivait notamment ceci : « J’ai décidé de quitter ce monde. Je ne ferai de reproche à personne dans l’université des Antilles et de la Guyane, mais que chacun comprenne que le travail qui m’a été demandé depuis le 1er septembre dernier n’était pas humain (...) Je n’ai pas eu le temps de faire de réserves à l’encontre de mon prédécesseur, il sortira vierge de la situation que j’ai trouvée dans les états de soldes en comptabilité. » Avant que l’audience ne s’achève, Micheline Hugues a imploré les magistrats une dernière fois : « Pour une créance de 2005, j’ai fait suffisamment de démarches. Je vous demande votre clémence. » Le président a annoncé que la cour rendrait sa décision dans six semaines.
FXG (agence de presse GHM)