La liste des courses sur France Ô
Et si la hausse des prix et la pwofitasyon n'étaient qu'une partie du problème ? Et si la question d'une consommation responsable était éludée ? Dans « La liste des courses », Gilles Elie-dit-Cosaque donne à réfléchir. Son documentaire de 52 minutes part du 5 février 2009, date à laquelle la Martinique a été rattrapée par la grève démarrée en Guadeloupe le 20 janvier. « J'ai été surpris par le nom de cette fameuse liste : « liste des produits de consommation courante ». Si elle s'était appelée « liste de produits de première nécessité », je n'aurai probablement pas fait le film » , confie le réalisateur martiniquais.
Au fil du documentaire se développe l'idée que la frustration ressentie par la population semble bien venir de l'impossibilité de consommer tout ce qu'elle voudrait et non de l'impossibilité de répondre à ses besoins vitaux.
Un passage prête à sourire. L'on y voit des fans de tuning, fiers de leur véhicule customisé au maximum, équipés d'une sono qui, une fois allumée, pourrait presque permettre de se passer de carburant… Si l'ère est à la pwofitasyon, elle est aussi à la monstwasyon. « Il y a un aspect de la consommation qui est ostentatoire aux Antilles. L'on dit : « Regardez ce que je peux m'acheter » », explique Gilles Elie-dit- Cosaque. Un autre passage ne manque pas d'interpeller : interrogées, des adolescentes estiment nécessaire les télévisions HD, les téléphones portables, les hamburgers...
Manifeste
Le débat sur « les consomm'acteurs » est universel. Tous les pays et les peuples sont concernés par l'éducation à la consommation mais le réalisateur relève que l'histoire coloniale des Antilles a aussi une influence. « Par exemple, les échanges se font avec l'Europe et peu avec la zone Caraïbe. Nous sommes un marché captif », explique-t-il. « La liste des courses » invite donc à se remettre en question. Gilles Elie-dit-Cosaque revient sur les intellectuels martiniquais rédacteurs du « Manifeste pour les « produits » de haute nécessité ». Raillé en Martinique pour son côté utopiste, ce manifeste a eu du retentissement dans les médias en métropole. Et s'ils avaient raison ? Retrouver la solidarité, l'épanouissement par la musique, le chant, le sport, la danse, la lecture, la philosophie, la spiritualité, les relations avec ses voisins et amis, l'amour du temps libre, l'artisanat, l'exploitation de son jardin ou même de son balcon. La réponse n'est-elle pas là ? Ne s'agit-il pas simplement d'un équilibre à trouver entre les supermarchés et le gratuit qui nous tend la main ? « La liste des courses » vous aidera peut-être à trouver la réponse...
David Martin (agence de presse GHM)