La médaille du gardien de la paix Macoral
L’acte de courage et de dévouement du gardien de la paix Yannick Macoral
Le Réunionnais Yannick Macoral a été décoré mercredi dernier par le nouveau ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, de la médaille de bronze du courage et du dévouement.
C’était la première sortie publique du nouveau ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Mercredi matin, dans la cour de la préfecture de police de Paris, avant d’accueillir une nouvelle promotion de gardien de la paix et d’adjoints de securite, il a accroché au plastron de quelques policiers méritants la médaille de bronze du courage et du dévouement. Parmi les récipiendaires, le gardien de la paix, Yannick Macoral. Dans le public des invités, Emmanuelle Dijoux, son épouse, se tient au premier rang, aussi fière que son mari peut l’être en de tels instants. Et la raison de cette décoration n’est pas banale ! Le 23 juillet 2013, alors que Yannick est au poste de police de Chevilly-La-Rue, l’annexe judiciaire du commissariat de L’Haye-les Roses, où il travaille, il va connaître avec ses collègues une sacrée frayeur. « On était au poste, raconte-t-il, quand on a vu un homme se présenter avec une hache. On l’a fait entrer et il s’est mis à tout saccager, le mobilier, les vitres, la photocopieuse… Dans un premier temps, ils ne s’en prenait pas à nous. Nous avions néanmoins sorti nos armes pour le tenir à distance. On ne pouvait l’approcher. Mais très vite, il s’est jeté sur l’un d’entre nous. Le collègue agressé a tiré, en état de légitime défense, trois coups de feu… » Yannick, pendant ce temps, protégeait le seul collègue qui n’était pas armé. L’agresseur est mort à la suite de ses blessures. Une enquête a été ouverte et semble avoir établi qu’il s’agissait d’un malade schizophrène… « Cette médaille est une reconnaissance importante, témoigne Emmanuelle son épouse. On oublie que le métier de policier est dangereux et que ce n’est pas une sinécure de fonctionnaire ! »
Quand il est entré dans la police, en 2004, Yannick Macoral ne s’attendait pas à ce genre de situation. Et après neuf ans d’expérience, il en reste encore pantois. « J’ai commencé en brigade de roulement à Saint-Brieuc (22), puis j’ai fait de la BAC de jour à Meudon (92) et, depuis que je suis à Chevilly, en region parisienne, je fais plutôt des enquêtes judiciaires délictuelles. » Son métier de flic, Yannick l’aime. Il est d’ailleurs sorti dans les dix premiers de l’école de police. Il se destinait au départ à l’enseignement et puis les circonstances en ont décidé autrement. Etudiant en géographie et en administration économique et sociale, Yannick décroche un boulot de pion au college des Deux-Canons à Sainte-Clotilde, en zone d’éducation prioritaire. C’est ainsi qu’il s’est sensibilisé aux questions de sécurité et que lui est venue l’idée de passer le concours de la police. « C’est venu tranquillement, après réflexion… » S’il a choisi sa première affectation en voie publique où il est resté plus de six ans, il se sentait attiré par le judiciaire. Depuis qu’il est à Chevilly, il travaille parfois en collaboration avec la brigade des mineurs et c’est un service qu’il aimerait fréquenter davantage. C’est vrai qu’avec son passé de surveillant de collège, les jeunes, il connaît !
« Auriez-vous préférer une mutation a la Réunion à la place de cette médaille ? » Il esquive la question, pas dupe : « Travailler à la Réunion ? C’est difficile… Je ne peux rêver d’un retour à la Réunion avant dix ans. » Le combat des GPX, ce collectif des gardiens de la paix ultramarins qui militent pour réformer le système de mutation, il connaît et il suit leur actualité attentivement, mais il sait aussi que tant que le système restera tel qu’il est, il restera encore longtemps dans l’Hexagone. Ça ne le perturbe pas plus que ça. Yannick a de l’ambition et ne voudrait pas sacrifier l’intérêt de son métier à une attente interminable et frustrante. « Je préfère mettre en avant la réussite de ma carrière qu’une hypothétique mutation. » Sa femme, peut-être encore davantage fière que lui de cette médaille, l’a suivi dans l’Hexagone et, finalement, le couple s’épanouit en région parisienne, « même si le soleil réunionnais lui manque un peu », concède son mari. Elle exerce son métier de conseiller financier avec bonheur et lui sait qu’il évoluera professionnellement bien plus facilement à Paris qu’a la Réunion. En attendant, le couple revient tous les trois ans au pays. Ils s’y sont d’ailleurs mariés le 19 decembre dernier.
FXG, à Paris
Jeunesse réunionnaise
Yannick est né en 1979, à Saint-Denis, comme sa maman. C’est là qu’il a grandi en partie, jusqu’au divorce de ses parents. Son père est de Saint-Paul et l’un de ses grands-pères est originaire du Loiret. D’abord scolarisé au collège Saint-Michel à Saint-Denis, Yannick rejoint ensuite son père à Saint-Paul où il intègre Maison blanche puis le lycée Evariste de Parny. Mais, c’est au lycée Geoffroy de Saint-Denis qu’il obtient son baccalauréat littéraire.
Sportif, il s’implique dans le club de handball de Saint-Denis, La source. C’est là qu’il rencontrera Emmanuelle. Pour l’heure, les nouveaux mariés n’ont pas encore d’enfant. Et quoiqu’en dise Yannick, Emmanuelle préférerait peut-être les voir naître et les élever au pays…