Le CRIF et le CReFOM
Le CRIF et le CReFOM unis contre le racisme
« Nous considérons que la Shoah est tout à fait unique, mais nous ne nous désintéressons pas des autres grands drames de l’histoire humaine. » C’est pour donner corps à cette assertion que Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a signé hier matin à Paris, un mémorandum commun avec Patrick Karam, president du Conseil représentatif des Français d’Outre-mer (CReFOM). Les deux conseils souhaitent ainsi mener « des actions communes pour lutter contre le révisionnisme, que ce soit la négation de la Shoah ou la contestation de l’esclavage comme crime contre l’humanité ». Pour cela, ils ont décidé de se rencontrer une fois par an pour fixer ces actions, leur calendrier et les modalités de leur mise en œuvre. C’est la première fois, a reconnu Roger Cukierman, que le CRIF signe un tel partenariat avec une tierce organisation. « Vous avez plus qu’un partenaire, un allié », a affirmé le vice-président du CRIF, Francis Khalifa. Cette signature intervient apres que les épisodes de l’alliance détestable de la banane et de la quenelle qui ont défrayé l’actualité autour de la personnalité de Christiane Taubira et des soutiens de Dieudonné. « On vit dans une société qui se laisse aller à des sentiments de haine de ceux qui sont différents, a déclaré le patron du CRIF. Il nous faut apprendre à vivre ensemble quelle que soit la religion, la couleur de la peau ou l’origine. » Et pour mieux cibler l’adversaire, il a parlé des « antisémites, des racistes… des égoïstes ». Pour les deux présidents, la lutte contre le racisme et l’antisémitisme est un même combat. Et citant Frantz Fanon s’adressant à ses compatriotes antillais, le président du CReFOM a déclaré : « Quand on parle du Juif, tends l’oreille, on parle de toi. »
Il s’agit donc de donner des signaux forts à la société. « Il existe des courants idéologiques, a indiqué Patrick Karam, qui appellent, sous couvert d’antisionisme, à combattre les Juifs, et certains surfent sur le drame de l’esclavage pour prétendre qu’il existe une guerre des mémoires. »
Lors de cette cérémonie de signature, le président du CRIF s’est associé à la protestation du président du CReFOM contre le refus exprimé publiquement par le maire Front national de Villers-Cotterêts, ville du général Alexandre Dumas, de célébrer le 10 mai, journee nationale de commémoration de l’esclavage, des traites négrières et de leurs abolitions. Il a aussi salué la création du Mémorial ACTe en Guadeloupe. « Un mythe, a déclaré Patrick Karam, vient de tomber, qui voudrait que le CRIF soit opposé à la célébration de la mémoire de l’esclavage. » Et c’est vrai que, dès decembre 2007, c’est au Mémorial de la Shoah, à Paris, que le Comité de la marche du 23 mai 1998 (CM98, membre du CReFOM) est venu prendre conseil pour mettre en place son travail sur les noms donnés aux esclaves affranchis après l’abolition de 1848.
Le CRIF, qui dispose de 13 délégations régionales dans l’Hexagone, a d’ailleurs fait savoir qu’il allait mettre en place une délégation aux Antilles afin de renforcer ce rapprochement entre ces Français que sont les Juifs et les Antillo-Guyanais.
FXG, à Paris
Il a dit
Gabriel Serville, député de Guyane et vice-président du CReFOM
« La nature a horreur du vide et tant que les hommes et les femmes de réflexion n’auront pas pris le temps de dire à quel point ils désapprouvent ces gestes-là (banane et quenelle, ndlr), ils vont continuer à se perpétrer. C’est essentiel que le CRIF et le CReFOM se réunissent pour dire non à ces actes antisémites et racistes, et surtout pour occuper l’espace public. Cette association doit avoir dans la population française une certaine résonance. C’est un acte fondateur. »