Le CSA accorde une fréquence TNT locale en Guyane
Cinq candidats au CSA pour une fréquence télé en Guyane
Le président du conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Michel Boyon, et les conseillers Nicolas About, Francine Mariani-Ducray, Alain Méar, Rachid Arhab, Emmanuel Galba et Patrice Gélinet ont procédé à l’audition des cinq candidats à une fréquence de télévision locale de proximité en Guyane, hier à Paris. Un deuxième appel à candidature pour une seconde fréquence sera examiné à l'automne 2012.
Le CSA prendra quelque temps avant de se décider, « mais pas un certain temps », a précisé le président Michel Boyon qui n’a pas voulu de date… Qui de l’association Diaspora qui défend Kourou TV, l’EURL Madras FM pour MFM TV, l’association culturelle de Macouria pour Macouria TV, la société Antenne Guyane pour ATG ou la société Ultramarine communication pour Toucan TV ?
La candidature hors norme
MFM TV est représentée par les Guadeloupéens Didier Tabor et Jean Moutoussamy. Ils défendent un projet de télévision musicale de proximité qui a bien étonné les conseillers. Ils sont basés en Guadeloupe, adossés à une radio guadeloupéenne, MFM. « Le M, c’est pour radio Madras ou pour radio Moutoussamy ? », demande goguenard le président de la commission outre-mer Alain Méar. Avec un budget inférieur à 300 000 € et des coûts de diffusion supérieurs à 100 000 €, Alain Méar trouve cela « curieux ». Rachid Arhab leur demande s’il n’y a pas de malentendu et s’il s’agit effectivement d’un projet pour la Guyane… « C’est un projet pour les trois DFA mais s’il faut commencer en Guyane, nous le ferons… » Le conseiller Emmanuel Gabla se dit « perplexe », et sa consoeur Francine Mariani-Ducray s’interroge sur les financements pour les captations d’événements. « Nous avons des amis professionnels qui viennent en vacances suivre les grands festivals de la région et qui nous ramènent des images… » « Pas de budget prévisionnel si ce ne sont des subventions attendues de l’Etat et de la Région à hauteur de 25 % », remarque le conseiller Nicolas About. « C’est l’année des outre-mer, tout le monde joue le jeu », se contente de rétorquer Didier Tabor. Le coup de grâce vient avec le coût de diffusion budgété à 4000 €. « Vous pouvez multiplier par 25 », corrige le président Boyon.
Les télés associatives
Joël Coeta et Etienne Grainger s’en tirent un peu mieux pour défendre Macouria TV, « une télé ouverte au contenu participatif avec 17 embauches dont quatre journalistes et un budget de 90 000 € ». « Vous n’êtes pas dans les clous », leur répond Alain Méar. « Nous sommes sûrs de la subvention de 100 000 € de la commune de Macouria. » Avec de la publicité tout en restant associatifs, ils entendent produire un JT local à 19 heures et un journal régional (Brésil, Haïti) à 19 h 30. « En frontal avec le JT de Guyane 1ère ? », demande Alain Méar… Le président Boyon a du mal à refréner un sourire.
Emmanuel Toko, président de l’association Diaspora, a ouvert les auditions avec le projet Kourou TV. Il s’en sort mieux grâce à son enthousiasme, mais il se montre tout aussi léger que les défenseurs de Macouria TV quant à ses financements. Même s’il assure avoir trouvé les investisseurs pour 800 000 €, notamment pour le terrain et le local grâce à l’aide du CNES et d’entrepreneurs, il n’a pas convaincu les conseillers qui lui ont rappelé qu’il aurait besoin de 2,5 M€ par an pour fonctionner. « Saurez-vous faire un saut d’échelle, notamment financier, pour passer du statut d’association à celui de société d’économie mixte ? » Emmanuel Toko parie sur la part de pub dont bénéficiait ACG (1,3 M€). Il assure qu’avec dix journalistes et un réseau de bénévoles dans tout le territoire, ils seront à même de proposer une grille d’informations et de documentaires…
Audition des « majors »
Les deux dernières candidatures auditionnées sont très similaires. La première, ATG, est défendue par Jean-Paul Lepelletier (le président de la société), Sylvie Brival (la directrice d’antenne et des programmes), Gérard Ganascia (ancien de TF1, Carat TV et futur directeur de la chaîne) et Daniel Trabucco pour l’ingénierie technique. Mélange de programmes locaux et de programmes issus de TF1, M6 et BFM TV, elle se présente comme une « antenne souple, réactive et ouverte aux citoyens et, notamment à la jeunesse ignorée par Guyane 1ère ». Leur grille annonce des programmes de 9 heures à minuit dont 54 heures de local sur 105 heures hebdomadaire avec un JT de 26 minutes, un invité du jour, un micro-trottoir et deux magazines. Mais leur point fort vient de leur accord de mutualisation passé avec les chaînes sœurs de Martinique et de Guadeloupe, ATV et GTV, permettant des achats en syndication. Ils annoncent 19 salariés, un plan de formation continue et un bâtiment pour accueillir la station avec un plateau de 250 m2. Leur capital ddoit atteindre 240 000 €, puis l’arrivée d’investisseurs portant chacun 10 % de 500 000 € et l’entrée en jeu du fonds d’investissement régional pour 300 000 € et des investisseurs extérieurs comme HRTV (200 000 €) et d’autres apports grâce à la défiscalisation. Ils prévoient d’atteindre l’équilibre financier en 2014. Le président Boyon s’interroge sur la réalité de l’installation en Guyane de Gérard Ganascia en Guyane…
La Réunionnaise Marie Payet présente le projet de Toucan TV. Autour d’elle, l’ancien journaliste de RFO Jean-Paul Hippos, Stéphane Marillat (futur directeur d’antenne) et Louis Auguste (ancien administrateur de RFO). Leur capital sera porté à 800 000 € en deux ans. Leur projet est assis comme le précédent sur une grille avec des programmes locaux et un mix des émissions de TF1, M6 et BFM TV, des couvertures événementielles régionales (Sainte-Lucie, Paramaribo, Macapa). Ils prévoient d’embaucher douze permanents dont cinq journalistes plus deux pigistes et d’investir 600 000 € avec une participation du fonds d’investissement régional pour 300 000 €. Eux aussi prévoient des synergies avec ATV et GTV en Guadeloupe et MartiniqueLe retour à l’équilibre est prévu en 2016. « Quels contacts avez-vous avec ces chaînes ? », demande Alain Méar. « Ils sont très étroits », répond Jean-Paul Hippos. Jean-Claude Asselin de Beauville, patron d’HRTV et d’ATV, présent dans le public, est consterné. « Qu’avez-vous de meux que vos prédécesseurs ? », demande Rachid Arhab. « Leur point noir, c’est leur implication dans le tissus économique, nous, on est dans l’audiovisuel. Le tissus économique, c’est ce qui nous manque. » Comme ils prévoient 900 000 € de chiffre d’affaires la première année et 1,6 m € au bout de 5 ans, Emmanuel Gabla leur demande quelle régie pub ils comptent avoir. Ils ne veulent pas répondre. « Ca fait tout de même 5 € par habitant », commente le président Boyon.
FXG (agence de presse GHM)
A pa mo ki di
Sylvie Brival, Mme Lepelletier à la ville, a dû intervenir pour faire taire Jean-Paul Lepelletier pendant que les conseillers du CSA auditionnaient Joël Coeta et Etienne Grainger qui défendaient leur projet Macouria TV. Le président de la chambre de commerce et éventuel président d’ATG (si elle était retenue) ne cessait de bavarder avec Jean-Claude Ho Tin Noé, délégué régional du GIP France Télé numérique. Sylvie Brival qui était assise derrière lui, a pris un exemplaire de son dossier de candidature pour lui en asséner un coup (non violent !) dans le dos. Et ça a marché. Elle a réussi à faire taire son mari !