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Publié par fxg

proces marie Galante SchoelcherTrois questions à Bernard Leclaire, auteur de la préface de l'ouvrage de Victor Schœlcher en réédition chez Idem, Le procès de Marie-Galante.

« Nous sommes ce que le monde sera dans mille ans ! »

Que raconte ce moment d'histoire qui concerne Marie-Galante et la Guadeloupe plus généralement ?

Lors des premières élections législatives du 24 juin 1849, la population marie-galantaise s’est tres vite rendu compte que les racines du mal de l’esclavage résistaient et se battaient pour faire renaître le pouvoir du passé ! Bernard-Leclaire.jpgLa liste Bissette–Richard, expression politique des grands planteurs blancs et partisans de l’ordre royaliste, s’oppose à la liste Schœlcher-Perrinon, abolitionniste et républicaine. Ces élections devaient donner les trois-quarts des voix à Schœlcher et Perrinon. Le maire de l’époque, Théophile Roussel, accusa le mulâtre Jean-François Germain, dit Chéry Cétout, de délit électoral. Le gouverneur Fabvre et l’amiral Bruat dépêchèrent une garnison pour rétablir l’ordre avec pour consigne officielle de tuer. Selon l’avocat Pory Papy, diligenté par l’équipe de Schœlcher, plus de quatre-vingts nègres étaient tombés sous les fusillades de Pirogue, plus d’une centaine selon Victor Schœlcher. 150 autres furent inculpés et emprisonnés dans les geôles du Fort Richepanse à Basse-Terre.

Ces événements de juin 1849 peuvent-ils avoir une résonance dans la Guadeloupe contemporaine ?

Le 18 octobre 1849, l’Assemblée législative annula les élections. Mais, le 18 janvier 1850, Victor Schœlcher devenait malgré tout le premier député guadeloupéen suite à un vote démocratique de la population…

La Guadeloupe aujourd’hui a absorbé ses composantes multiples, elle a vécu une espèce de caribéanisation où l’existence d’un socle commun semble définitivement une réalité tangible et fédératrice. Nous sommes tous en quête d’un ciment révélateur d’un bonheur collectif dans un espace géographique et historique commun, loin de cet esprit de division, de détestation, engendré par le pouvoir satanique d’un entendement esclavagiste.

Quelle leçon faut-il retenir de cet épisode historique ?

L’histoire de l’esclavage n’est pas une période qui rend gloire à l’Occident. Il n’est point besoin de se faire l’avocat à charge ou à décharge pour retranscrire les affres d’une déshumanisation aussi honteuse et lugubre ! La sociologie actuelle de notre archipel a définitivement intégré la fusion d'une culture commune. C’était un bouquet certes hétéroclite au départ, mais la progression constante d’une homogénéité solide et fraternelle a pris place au-delà du phénomène de race. Nous avons tous construit quelque chose de beau, jaillissant certes du chaos. Nous sommes en avant-première ce que le monde sera dans mille ans !

Propos recueillis par FXG, à Paris

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