Meeting de soutien à Charly Lendo, syndicaliste guadeloupéen, à Paris
Meeting à Paris pour la relaxe de Charly Lendo
En prévision du procès de Charly lendo qui doit se tenir à Pointe-à-Pitre le 20 janvier, l'UGTG a dépêché une ambassade à Paris pour gagner à sa cause la solidarité syndicale internationale.
Les syndicalistes en ont profité pour dénoncer la "phraséologie démocratique" de Christiane Taubira.
Lionel Chouro, de l'UEC-UGTG et Maïté Hubert de l'UTT et secrétaire générale adjointe de l'UGTG, étaient à la bourse du travail de Paris hier soir, à l'invitation du Comité international contre la répression et pour la défense des droits syndicaux et politiques (CICR). Autour des deux Guadeloupéens, Jacques Girod de FO, Alain Serre de la CGT, Me Hélène Carerra (qui participa à la défense de Michel Madassamy en 2001), Daniel Gluckstein du Parti des Travailleurs et animateur de l'Entente internationale des travailleurs et des peuples et, en maître de cérémonie, Gérard Bauvert du CICR, qui sera en Guadeloupe mardi prochain pour participer au rassemblement devant le palais de justice pendant le procès en correctionnelle de Charly Lendo, militant de longue date de l'UGTG.
Ce meeting a permis de faire fonctionner la solidarité des militants syndicaux parisiens et de collecter des fonds (des corbeilles ont circulé et se sont remplies d'euros en billets) pour aider à la défense de Charly Lendo, mais également de la centaine de militants syndicaux guadeloupéens qui sont, selon Lionel Chouro, "arrêtés, poursuivis et condamnés à des amendes ou de la prison avec sursis". Lionel Chouro a fait forte impression en rappelant à ce public de militants parisiens comment depuis 1910, 1925, 1931, 1954, 1967, 1987, jusqu'à 2001 et 2009, la classe ouvrière et les syndicalistes guadeloupéens ont fait l'objet d'une véritable "agression" de la part du pouvoir français. "Parce que nous sommes en pays colonisé, nous n'avons pas droit à la liberté d'expression", a-t-il conclu. Maïté Hubert a resitué le problème dans son actualité : "Ce qui se passe chez nous a pour but de criminaliser l'action syndicale et de diaboliser l'UGTG qui s'est mise debout face au patronat voyou !" Lionel Chouro a témoigné de sa situation dans son entreprise où il a créé une section UGTG : "Je suis poursuivi par un patron béké qui veut me licencier ! Il existe des dizaines de militants licenciés comme ça !"
Devant ce public conquis à la cause, Maïté Hubert a élargi le tableau noir de la Guadeloupe au problème de la distribution de l'eau, "aux mains des multinationales qui ne veulent pas entretenir le réseau", celui de l'essence dont le prix peut baisser de 10 centimes dans l'Hexagone contre un seul au pays. "Les prix de l'essence sont fixés en début d'année par les mêmes patrons véreux !" Le problème du projet du port en eau profonde qui va mettre contribuer à "supprimer des emplois de pêcheurs", celui du CHU, "un scandale sanitaire". "En Guadeloupe, a-t-elle encore révélé au public médusé, les supermarchés ouvrent quasiment tous les dimanches et même la nuit ! Seule l'UGTG ose lever la tête !" Les applaudissements fusent...
Le must a été le rappel des événements de 2009 avec 100 000 personnes dans les rues et la conclusion de deux accords, le Bino et celui du 4 mars 2009, un projet de société. "Le protocole du 4 mars est aujourd'hui ignoré par l'Etat", a conclu Maïté Hubert avant de déclencher une nouvelle salve d'applaudissements prolongés.
"Relaxe pour Charly et rien d'autre !"
Mais le véritable objet du meeting, c'est le procès de Charly Lendo. "Il s'est battu pour la convention collective de l'hôtellerie en Guadeloupe ; voilà pourquoi les patrons en Guadeloupe ont décidé de le faire taire !"
Charly Lendo est poursuivi pour avoir indirectement et involontairement provoqué la mort d'un motard le 21 février 2009 sur un barrage à Saint-François. "En Guadeloupe, la justice est bafouée tous les jours !" L'avocate honoraire, Helène Carerra, se charge de présenter l'affaire : "Il n'y a eu aucune procédure engagée contre lui, aucune information judiciaire n'a été ouverte ! Ce motard roulait à une vitesse excessive (le compteur de la moto est resté bloqué à 18 500 tours) et sans casque ! Un an après les faits, le procureur a imaginé un moyen de disqualifier l'UGTG et permettre la non application de l'accord du 4 mars 2009..."
16 militants présents sur ce barrage ont été considérés comme responsables de la mort du motard. "En juillet 2012, poursuit l'avocate, 15 ont bénéficié d'un non lieu, sauf Lendo." Jacques Girod de FO a pris le relais : "Le procès de Charly Lendo, c'est une dangereuse mascarade à dénoncer." Alors pour Gérard Bauvert, "la seule solution, c'est le rapport de force". Même son de cloche avec Daniel Gluckstein : "Pas de démocratie sans reconnaissance de la lutte des classes ! L'union sacrée, ce n'est pas la démocratie !" Hier, à la bourse du travail, il n'était pas question de dire "Je suis Charlie", même avec un Y ! Un Antillais dans le public a proposé au début du meeting de faire une minute de silence... Gérard Bauvert lui a sèchement répliqué que l'objet de ce meeting, c'était la relaxe de Charly Lendo et la défense des syndicalistes guadeloupéens et rien d'autre.
FXG, à Paris
Syndicat et Taubira
Il y a deux ans, à peine Hollande élu, Elie Domota était venu à Paris tenir un meeting au même endroit. Face aux attaques dont l'ancienne militante indépendantiste guyanaise devenue garde des Sceaux faisait l'objet de la part de l'UMP, Domota avait pris sa défense. Cette fois, Gérard Bauvert a tenu un tout autre discours en racontant les échanges que le CICR avait eu avec elle ou avec le cabinet de George Pau-langevin. "Compte tenu de sa politique pénale, Christiane Taubira nous a dit qu'elle n'intervenait pas dans les affaires particulières, en l'occurrence l'affaire Lendo.
Mais il y a 100 syndicalistes dans son cas !" Et louant le talent de la ministre de la Justice pour la rhétorique, il ajoute : "C'est un maquillage de gens qui se cachent derrière une phraséologie démocratique. Elle se drape d'une image de défenseur des peuples opprimés, mais elle n'a jamais voulu intervenir contre cette chasse effrénée contre les syndicats en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane !" Rappelant que Charly Lendo, comme d'autres syndicalistes, était aussi poursuivi pour avoir refusé de donner son ADN, il a moqué la garde des Sceaux qui aurait proposé de créer un fichier différent de celui des délinquants sexuels pour recueillir l'ADN des syndicalistes...