Memorial Act
Présentation du Memorial Act à Paris
Victorin Lurel a choisi le 10 mai et la mairie du 18e arrondissement pour présenter à Paris le projet d’équipement culturel, « Memorial Act ».
Le futur centre caribéen d’expression et de mémoire de la traite et de l’esclavage, a expliqué le président de la Région Guadeloupe au maire du 18e, le député socialiste Daniel Vaillant, « prétend à une dimension universelle » et « son élaboration fait suite au rapport d’Edouard Glissant sur un mémorial de l’esclavage commandité par Dominique de Villepin sous la présidence de Jacques Chirac ». Le lieux de La friche de Darboussier, entre mer et terre, à l’entrée de Pointe-à-Pitre s’est imposé car ses atout sont de taille : un espace vert encore préservé, un site disponible et maîtrisé par la ville, une valeur symbolique et historique (le passé sucrier de l’usine de Darboussier), un endroit d’interface dans la ville entre centre ancien et quartier sud…
Au cœur du projet du Memorial Act, il y a la volonté de sensibiliser à une responsabilité et à une mémoire collectives de la souffrances d’une partie de la population française noire ou d’origine africaine, mais aussi de montrer la participation pleine et entière de cette population au monde, au progrès et à la défense de la nation. « il s’agit de présenter la forme ultime du racisme pour mieux en dénoncer les formes contemporaines, de mettre en exergue l’impossible asservissement de l’être humain. L’homme ne peut cesser de penser, de concevoir et de projeter sa liberté… », a indiqué Victorin Lurel en prenant des accents presque lyriques. Car au-delà du fait de se recueillir et de commémorer, il s’agit de participer à la création d’un nouvel humanisme, de conduire a de nouvelles formes de solidarité. « Le Memorial Act est un centre d’interprétation pas un musée d’où le choix de croiser les regards en s’appuyant sur l’histoire, l’ethnologie, l’anthropologie sociale et l’histoire de l’art. Et aussi sans doute, cette acceptation de l’invitation de Daniel Vaillant pour venir exposer ce projet loin de la Caraïbe, à Paris.
Le parti pris architectural de Pascal Berthelot pourrait se résumer sur des racines d’argent sur une boite noire qui abritera l’exposition permanente. C’est la connaissance du passé sur lequel se construit en partie la mémoire collective. La façade noire quartzée est un hommage symbolique aux victimes de la traite tout autant qu’un signe d’excellence et de technicité architecturale. Par-dessus ce volume, une résille d’argent vient le recouvrir et se prolonge en auvent pour constituer une arche. Un espace de commémoration abrité par l’arche de la fondation devrait accueillir jusqu'à 3000 spectateurs. Posé sur le quai, le Memorial pouvant être éclairé se veut une sorte de phare qui fait lien entre le centre ancien et les quartiers sud. « Un endroit où inventer de nouvelles façons d’être ensemble ». Coût estimé : environ 50 millions d’euros. Serge Romana, président du Comité de la marche du 23 mai 1998 (CM98), a souligné la légitimité du projet pour rappeler combien la question de la mémoire est une question politique aujourd’hui. Son projet de mémoire des noms .se continuera au Memorial Act. C’est un souhait du président Lurel pour faire vivre le lieux et qui a invité le CM98, le 26 mai prochain, en Guadeloupe, pour procéder à une remise officielle des noms (voir le livre Non an nou).
Texte et Photos Régis Durand de Girard