Pasqua
Pasqua fait des révélations… décevantes
« On a essayé de me coller là-dedans à cause de Gaydamak ! Chirac était au courant, il n’est pas intervenu pendant cinq ans et ensuite il laisse le ministre de la Défense Alain Richard déposer une plainte… » Charles Pasqua, sénateur UMP des Hauts de Seine, avait promis des révélations après sa condamnation à un an de prison ferme dans l’affaire de l’Angolagate. Face à de très nombreuses caméras, micros, objectifs (au moins 200 journalistes !), l’ancien ministre de l’Intérieur a dû d’abord ramener de l’ordre : « Je veux bien demander à la police d’intervenir, c’est ma spécialité… » Cabotin toujours, mais quelque peu blessé par « un jugement qui (le) scandalise et qu’(il) n’accepte pas », Charles Pasqua s’est défendu d’avoir usé de son influence en faisant décorer de l’ordre du Mérite l’homme d’affaires russe, Arcadi Gaydamak, par Jean-Charles Marchiani, alors préfet du Var, en échange d’une contrepartie, en l’occurrence un versement de 1,5 millions de francs à l’association France-Afrique-Europe (FAO) dont Charles Pasqua a été administrateur jusqu’en 1991. Pour prouver ses dires, il exhibe une note de la DST, en date du 20 octobre 1997. On y apprend que : « Début 1996, Aracadi Gaydamak a mis à profit ses relations en Russie pour intervenir directement en faveur de la libération des pilotes français détenus en ex-Yougoslavie. A ce titre, il a été décoré le 14 juillet 1996, à Toulon… » D’ailleurs, l’audition pendant le procès de Raymond Nart, ancien patron de la DST présentait M. Gaydamak comme un de ses agents… Cette note aurait disparu de la procédure. Charles Pasqua sort une autre note, celle-ci émane de la DGSE, en date du 6 décembre 1995. Elle indique que « le gouvernement angolais a reçu de grandes quantités de matériel militaire provenant de certains pays de l’Est et de la Russie par l’entremise d’un intermédiaire français non autorisé… », que « la société d’import-export du ministère angolais de la Défense, Simportex, a négocié la livraison de matériel militaire russe auprès de la société franco-slovaque ZTS OSOS, dirigée, entre autres, par un Français, Pierre J. Falcone. » Cette note a été adressée à l’Elysée, au ministère des Affaires étrangères et à celui de la Défense. « Au mois de décembre 1995, Jacques Chirac, Dominique de Villepin, Bertrand Landrieu, Jacques Foccart, Hervé de Charette et Charles Million étaient donc informés par la DGSE des ventes d’armes vers l’Angola », insiste le vieux sénateur qui se demande, puisque la justice estime ces ventes illégales, « pourquoi les autorités qui étaient au courant et qui n’ont rien fait pour arrêter ces opérations ne sont pas poursuivies… » Il n’y a donc pas de trafic d’armes, ni de trafic d’influence… Mais alors les 1,5 millions de francs versé par Falcone à France-Afrique-Orient ? Sont-ils allés nourrir son parti Demain la France, qui sous-louait ses locaux à FAO ? Pasqua nie tout lien entre les deux associations. « Qu’il y ait des rétro-commissions et que de l’argent soit revenu en France, c’est certain… », lâche-t-il avant d’ajouter : « Lorsqu’on parle d’argent qui alimente les partis politique, ce qui est sûr, c’est qu’un certain nombre de gens proches de ces partis n’ont pas oublié de se servir au passage. »
Dans l’adversité, la meilleure défense est l’attaque. Charles Pasqua indique qu’il a déposé une plainte contre le juge Courroye qui a instruit l’affaire de l’Angolagate et à qui il reproche d’avoir omis de la procédure la note de la DST, qu’il demande une pétition parlementaire pour la déclassification générale des documents classés défense de ce dossier, et la constitution d’une commission d’enquête parlementaire présidée par le président de la Cour des comptes, par exemple.... Enfin, si Charles Pasqua demande à Jacques Chirac et Dominique de Villepin d’assumer leurs responsabilités, il reconnaît de la sincérité au seul Alain Juppé « quand il dit qu’il a découvert avec étonnement qu’il y avait une diplomatie parallèle. Le chef de cette diplomatie, c’était Chirac ! » L’offensive pasquaïenne contre l’ancien chef de l’Etat pourrait bien, comme dit Pasqua, lui en toucher une sans faire bouger l’autre…
FXG, agence de presse GHM