Procès Olivier Ferdinand - jour 1
Meurtre d'Audrey Verdol : Olivier Ferdinand reconnaît avoir menti
"La bonne personne, elle est pas là ! C'est pas moi le coupable." La voix ferme, le menton haut, Olivier Ferdinand se tient droit dans le box de la cour d'assises de la Seine-Saint-Denis où débutait son procès jeudi. Avec son avocat, Me Pierre Lebriquir, il va tenter pendant les cinq jours que doit durer ce procès, de s'appuyer sur les doutes laissés par l'enquête de police pour convaincre les jurés de son innocence. "J'ai toujours dit que j'avais bien en Seine-et-Marne. J'avais simplement dit que j'étais rentré en train parce que je n'ai pas le permis de conduire et que j'étais allé vendre du shit." "Vous l'avez dit lors de votre garde à vue en 2011, pas en 2009. Pourquoi, lui demande la présidente Sudre. Vous avez subi des violences policières ?" Le capitaine de la PJ sort de ses gonds : "On n'est pas des gestapistes !" "Ces audtions en garde à vue ont été filmées? Pourquoi n'en avez-vous pas parlé au juge d'instruction ?", poursuit la présidente. "J'ai mis ça entre parenthèse parce que j'avais menti..."
Le Guadeloupéen (né il y a 30 ans en Ile de France) Olivier Ferdinand a-t-il tué sa petite amie, la Guadeloupéenne Audrey Verdol le 11 avril 2009 dans la forêt de Montgé-en-Goële ? Hier, un capitaine de la PJ du 93 est venu dire à la barre que les éléments d'enquête, la téléphonie, la zone géographique où Olivier Ferdinand avait été borné et ses déclarations qui n'ont cessé d'evoluer convergeaient dans le sens de l'accusation. Après le capitaine de police ce sont les experts de la police scientifique et de la médecine légale qui sont venus dire comment avait été découvert, près de sept mois après sa disparition, le cadavre d'Audrey, à l'état de squelette, le crâne recouvert d'un sac en plastique blanc et un lien en tissus noué autour du cou... Olivier Ferdinand a, pour l'heure, réponse à tout, mais ne semble guère convaincre.
La maman d'Audrey Verdol a fait le voyage depuis Lamentin pour ce procès. Elle est bien sûr épaulée de son avocate, Me Malika Larbi, mais également pas sa soeur et son beau-frère établis en région parisienne. Seule la distance temporelle des faits semble lui autoriser la sérénité qu'elle affiche.
FXG, à Bobigny
Les faits
Audrey Verdol avait quitté la maison familiale quatre ans plus tôt pour poursuivre ses études en Métropole. Son bac S en poche, elle s'était inscrite à l'université de Vélizy-Villacoublay. Après deux ans d'études, elle avait trouvé un travail, comme technicienne chez Spie Télécommunication. D'après sa maman, Anne Verdol, Audrey pensait reprendre ses études pour devenir ingénieur.
Après la disparition de sa fille, le 11 avril 2009, Anne Verdol, avait gardé espoir (notre édition du 7 décembre 2009). Jusqu'au 28 novembre 2009. Ce jour-là, les gendarmes ont frappé à la porte de sa maison de Lamentin. Pour lui dire qu'Audrey était morte. Les analyses ADN sont formelles.
Le corps retrouvé par un promeneur dans la forêt de Montgé-en-Goële (Seine-et-Marne) trois jours plus tôt était bien celui de sa fille aînée. Le crâne, en état de décomposition, était recouvert d'un sac plastique. Au niveau de son cou pendait un tissu avec deux noeuds.
L'absence de la jeune femme avait été signalée une dizaine de jours après sa disparition. D'abord par sa cousine, inquiète de ne plus avoir de nouvelles. Puis par sa mère, qui s'est rendue en Métropole fin avril pour chercher sa fille. Convoqué par les policiers, son compagnon, Olivier Ferdinand, installé chez sa compagne depuis un récent séjour en prison pour une affaire de vol, avait dit lui aussi être sans nouvelles.
Fin mai - début juin, toujours aucune trace d'Audrey. Anne Verdol doit rentrer en Guadeloupe. Toutes les semaines, elle appelle les enquêteurs. Le 26 novembre elle a appelé, comme d'habitude. C'est comme cela qu'elle a appris qu'un corps avait été retrouvé et qu'il pourrait s'agir d'Audrey. Quand les résultats tombent, elle s'écroule.
Placé en garde à vue, Olivier Ferdinand a finalement été mis en examen en juin 2011, après de multiples auditions. En cause: le bornage de son téléphone et de celui d'Audrey, repérés ensemble le jour de sa disparition près de Montgé-en-Goële. Mais aussi ses déclarations contradictoires sur son emploi du temps.
Dans un premier temps, le jeune homme avait dit avoir vu Audrey pour la dernière fois le 10 avril, à Aulnay-sous-Bois. Confronté aux relevés téléphoniques, il a finalement reconnu avoir passé une partie du 11 avril avec elle, assurant l'avoir déposée à Claye-Souilly, où elle devait récupérer un téléviseur auprès d'une connaissance.
Dans les jours qui avaient suivi sa disparition, Olivier Ferdinand avait utilisé le logement de la victime, sa voiture et son chéquier, sans se soucier de son absence. Plusieurs personnes, dans son entourage, s'étaient alors étonnées de son comportement.