Roots rebel, le dernier album de Tiwony
Le chanteur guadeloupéen Tiwony sort le 24 novembre un nouvel album reggae, "Roots rebel".
Il sera au Martinique Reggae fest le 8 novembre, au Cabaret sauvage à Paris, le 3 décembre, et en Guadeloupe et Guyane début 2015, dans l'océan indien en avrl 2015.
"J'ai toujours été fan de Joëlle Ursull"
Avec un tel titre pour ce nouvel album, vous restez fidèle à la volonté de faire du "son conscient"...
Ca a toujours été mon cheval de bataille. sur cet album, j'ai puisé encore plus en profondeur, creusé, en allant vraiment à la racine de cette musique, de son état d'esprit, car malheureusement, ça se dilue de plus en plus. J'ai voulu faire un album authentique en faisant appel aux piliers de ce mouvement qu'ils soient en France, aux Antilles ou en Jamaïque et je suis content du résultat.
Comment faites-vous pour vous renouveler à chaque fois, compte tenu de ce qu'est et a été le reggae ?
C'est une musique tellement variée dont la force est qu'elle synthétise tous les autres styles. Même à l'époque de Bob Marley, il mettait déjà des touches de blues, de rock... Moi, avec ma culture musicale guadeloupéenne, de gwoka, de zouk, je fusionne avec ce reggae qui est une base. Assembler plusieurs styles, plusieurs couleurs sous le grand nom du reggae, c'est une énergie qui se renouvelle, se recycle en permanence. A travers ça, on eut créer de nouvelles associations comme le fait Admiral T quand il reprend un son zouk sur un rythme reggae.
Vous-même, reprenez un titre de Patrick Saint-Eloi...
Nous avons un vivier assez riche pour y puiser en plus de notre inspiration personnelle, créer de nouvelles alchimies. C'est tout bénéfice pour les oreilles du peuple et pour l'avancée de cette musique.
Vous n'avez jamais été tenté d'aller vers le ragga dance hall ?
Le reggae, c'est la maison mère ! On va y trouver les variantes dance hall, hip hop... Moi, je fais dans la musique sans me poser de question, ni me limiter à un style, mais cet album, c'est 100 % reggae.
Vous êtes allé chercher Joëlle Ursull. Comment ça s'est passé ?
Ca fait déjà une bonne dizaine d'années qu'on est censés faire un morceau ensemble. On n'avait jamais trouvé le temps de se poser, mais elle m'a toujours manifesté de l'encouragement pour mon travail. Moi, j'ai toujours été fan de Joëlle Ursull par rapport à son engagement, son message... Et puis, elle était à Paris au bon moment et on a pu se poser en studio en enregistrer "Plis espwa".
Il y a toujours des titres en créole avec vous. C'est une langue nécessaire pour votre chant ?
Chanter avec le coeur déjà, c'est important. Après la langue n'est pas vraiment une barrière. Je me retrouve dans des endroits où il n'y a que des anglophones et ils sont réceptifs à mes titres en français ou créole. Tout est une question de vibration et d'inspiration. Ca peut venir en créole, en français ou même avec des petits mots en wolof ou en guinéen... Ce qui compte, c'est de faire sonner les mots !
Votre dernier album, il y a trois ans, était "Cité Soleil". Que s'est-il passé entre les deux ?
J'ai sorti un street album, "Di fé lyrical", deux mix-tapes. Pour celui-ci, vu que c'est un projet 100 % acoustique, tout a été joué en live et ça a pris plus de temps. J'ai d'ailleurs pris un peu plus de recul aussi parce que c'était une autre approche. J'ai bûché dessus pendant trois ans parce que je voulais des couleurs spéciales : j'ai eu des sons du Mali, de Sénégal, de Guadeloupe, de Martinique, de la Jamaïque, de la France... Tant que je n'avais pas le son que je voulais, je puisais encore. J'ai fait appel à Dédé Saint-Prix, à Manjoul... J'ai écrit des textes au Sénégal... Sur le titre Afreeka Unite, j'ai eu l'honneur d'avoir en collaboration Bunny Rugs, le chanteur lead du groupe Thrild World qui nous a quitté il y a peu. Il faut puiser l'énergie et ne pas laisser s'éteindre le feu.
Vous portez la clé de vie - croix de Ankh sur la pochette du CD, est-ce un hommage à Cheikh Anta Diop ?
A lui, mais à l'humanité aussi et se rappeler que cette croix de vie, elle nous rassemble tous. On a souvent eu tendance à cataloguer les rastas alors que c'est un mouvement universel. Cette croix de Ankh aussi est universelle, elle fédère toute l'humanité : c'est la croix d'Egypte, la croix Kémétique, la base même de l'humanité, de la vie. C'est aussi l'esprit de l'album, le "One love" de Bob Marley et Peter Tosh !
Propos recueillis par FXG, à Paris