SMA
Le SMA continue sa montée en puissance
George Pau-Langevin a reçu à Paris les sept chefs de corps du Service militaire adapté (SMA). Le général Loïacono, commandant du SMA, lui a présenté le bilan des sept régiments d'outre-mer avant de l'inviter à remettre leurs lettres de créances aux quatre premiers ambassadeurs du SMA. Quelques jours plus tard, le président de la République a proposé à titre expérimental de transposer le SMA dans trois régions de l'Hexagone.
Après le coup de projecteur dont a fait l'objet, bien malgré lui, le Service militaire adapté au moment du vote du budget de la mission Outre-mer, George Pau-Langevin a reçu dans les salons Delgrès de son ministère les officiers qui font tourner cette machine qui fait bien des envieux dans l'Hexagone. 5666 jeunes ultramarins ont suivi un parcours SMA en 2014 dont 4514 volontaires stagiaires. Parmi cette population, 25 % sont des filles, 35 % sont issus des quartiers sensibles, 41 % sont illettrés ou presque, 66 % sans diplôme. A l'arrivée 77 % d'entre eux sont parvenus à une insertion professionnelle dont 47 % dans un emploi durable, c'est-à-dire au moins un contrat de six mois. 78 % ont obtenu leur permis de conduire. Par ailleurs le partenariat du SMA avec l'agence de l'outre-mer pour la mobilité (LADOM) permet à 20 % de ses stagiaires de trouver une suite professionnelle dans l'Hexagone.
Le SMA dont les effectifs doivent atteindre les 6000 stagiaires en 2017 devra en accompagner 5800 en 2015.
Le succès du SMA est essentiellement dû au rapport de confiance qu'ont su nouer les militaires avec le tissu économique local. Le SMA siège en effet dans chaque région au Centre des relations avec les entreprises et de la formation permanente (CREFOP) et une convention le lie à la Fédération des entreprises d'Outre-mer depuis le 29 octobre dernier. "Le SMA, a expliqué le général Loïacono, est devenu une véritable marque avec son label volontaires d'excellence". Les jeunes qui en sortent sont réputés "crédibles, fiables et sérieux". Une explication à cela : "Nous faisons du sur-mesure !"
Pour parvenir à ce sur-mesure, le SMA a recours depuis quelques années à des compétences au sein de grands groupes. Ainsi le SMA travaille depuis 2012 avec Agnès Bauer, responsable diversité et handicap de la fondation SFR, avec Patrick Modoux, jusqu'à récemment responsable du recrutement et de l'emploi de la surveillance générale de la SNCF, avec Serge Vo-Dinh, du groupe Adecco ou encore Philippe Bonnot des Compagnons du tour de France. Ce sont ces partenaires qui ont été nommés hier matin les ambassadeurs du SMA.
FXG, à Paris
ITW George Pau-Langevin
"Que l'on fasse quelque chose de similaire, je n'ai rien contre, mais pas avec nos crédits"
A l'heure où certains évoquent le retour d'un service national et le président de la République l'engagement des jeunes, le SMA peut-il être généralisé dans l'Hexagone ?
Mme Royal, qui était au mois d'août en Martinique, s'est encore montrée très intéressée par les méthodes du SMA. Aujourd'hui, le gouvernement regarde si c'est transposable. On a fait en métropole les établissements publics d'insertion de la Défense (EPIDe) qui font de manière un peu édulcorée ce que font les SMA, mais ils n'ont pas les mêmes résultats. Si on voulait donner à tous les jeunes de France cet encadrement étroit et bienveillant qu'on trouve au SMA, cela coûterait des sommes assez importantes. C'est peut-être pour cela qu'aujourd'hui le SMA n'est pas totalement transposable et que l'on conserve pour nos outre-mer notre SMA puisque nous avons des crédits et des cadres que nous ne tenons pas pour l'instant à partager avec d'autres.
Au fond, vous n'est pas pour transposer le SMA à l'Hexagone...
Comme je connais l'efficacité du SMA, je suis allée voir comment fonctionnait les EPIDe. Si l'on transpose quelque chose comme le SMA, ce ne pourra être le SMA car le SMA, ce sont des crédits alloués au ministère des Outre-mer compte tenu des difficultés des jeunes ultramarins. Que l'on fasse quelque chose de similaire, je n'ai rien contre, mais pas avec nos crédits !
Le SMA est donc une très bonne chose,mais vous n'allez pas jusqu'à rendre hommage à Michel Debré qui l'a fondé en 1961 !
(Rires...) Quand de bonnes choses sont faites, il faut le voir ! Mais je crois aussi qu'au fil des années, la manière de fonctionner du SMA a changé. Les jeunes bénéficient à la fois d'un cadre militaire et d'une grande bienveillance qui sont très éloignés de la manière dont on imaginait autrefois l'encadrement militaire.
Propos recueillis par FXG