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Publié par fxg

Un trafic de stups démantelé, la procédure judiciaire aussi…

Un juge de Créteil a été contraint de relâcher des trafiquants de drogue guadeloupéens, jeudi soir. Leur dossier a été oublié en Guadeloupe…

Depuis juin dernier, les services de police en Guadeloupe (la PJ et l’OCTRIS), et la brigade des stupéfiants de Paris enquêtent sur un présumé de trafic de drogue entre la Guadeloupe et la région parisienne. Il s’agirait d’un trafic de cocaïne, dans le sens Caraïbes Paris, et de haschisch, dans le sens Paris Caraïbes. En novembre, les policiers sont au courant d’une importation de cocaïne imminente. Un juge d’instruction de Créteil, Thomas Jouk, dirige l’enquête et fournit les commissions rogatoires nécessaires pour réaliser un coup de filet simultané en région parisienne et en Guadeloupe. Le 24 novembre, Farah B. et Laurent L. sont interpellés peu après leur à arrivée à Orly par un vol de Corsairfly en provenance de Pointe-à-Pitre. Dans la valise de Farah B., trois kilos de coke, et dans les poches de Laurent L., 7 000 €. Plusieurs supposés complices, Firat C., Dimitri F., alias Costaud, et Sabrina L. le sont dans la foulée à Orly, Paris et banlieue. Simultanément, les fonctionnaires de l’OCTRIS en Guadeloupe interpellent Alix C., Ludovic L., alias Pick up, Yannick C., alias Chabin, Kelly A., Kelly B., et Maely D. Le soir même, à Clichy, la police arrête trois autres personnes, Mickaël P., Smaïn K., et Gaëtan D. Dans le logement où ils se trouvent, la police trouve 52 000 € et 210 grammes de cocaïne. A l’issue de quatre jours de garde à vue, le juge décide de faire transférer à Créteil les interpellés de Guadeloupe pour les entendre…

A ce stade de l’enquête, la police est satisfaite,, elle a permis de démanteler un réseau de trafiquants structuré.

Dossier en rade à Pointe-à-Pitre

Jeudi matin, les suspects guadeloupéens arrivent par un vol d’Air Caraïbes et sont emmenés au tribunal de grande instance de Créteil où les attends le juge Michaux (qui remplace le juge Jouk). A l’arrivée des avocats, vers 10 heures, ce magistrat semble énervé et évoque « un problème ». Les prévenus et leurs avocats vont rester à patienter jusqu’à 18 heures. Depuis le début de la journée, les conseils n’obtiennent que des pièces éparses du dossier de leurs clients. A force d’insistance, ils apprennent que le dossier de cette procédure est resté à Pointe-à-Pitre et que, depuis le matin, on essaie de faire passer feuille par feuille et par fax le dossier au juge (au moins 500 pages !)… Les documents passent mal ou pas du tout.  Devant cette situation, vers 19 heures, les avocats soulèvent une atteinte aux droits de la défense. Deux heures passent encore et le juge finit par décider de relâcher les suspects, non sans les avoir affublés du statut de témoin assisté.

Et voilà les Guadeloupéens lâchés dans la rue, à Créteil, sans un euro en poche. Et voilà le juge qui, pour éviter un fiasco total, a créé un drôle précédent en faisant de ses suspects des témoins assistés sans qu’ils aient pu prendre connaissance de ce qu’il leur est reproché. Or, c’est l’objet précis du statut de témoin assisté tel que l’a voulu le législateur lorsqu’il l’a créé… Que peut désormais faire la justice pour éviter de tomber sous le coup d’une nullité que ne manqueront pas de soulever les trois avocats. L’un d’eux estime la « situation inédite, portant atteinte à tout le monde », sauf à ses clients ! Et il ajoute : «  Aujourd’hui, personne ne sait où ils sont. »

FXG (agence de presse GHM)

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