Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage à Saint-Denis
Yael Braun-Pivet veillera à l’aboutissement du mémorial national de l’esclavage
A l’occasion de la journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage, la nouvelle ministre des Outre-mer a confirmé, lundi à Saint-Denis (93), que le mémorial des noms serait la reconnaissance de la République pour les esclaves ainsi que pour leurs descendants au cœur de Paris.
L’esplanade la basilique Saint-Denis au nord de Paris a accueilli, lundi 23 mai, une cérémonie républicaine à l’occasion à la journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage. Sur scène, en début d’après-midi, face à un public encore clairsemé en raison de la pluie battante, entre le maire de Saint-Denis, le président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, des parlementaires du 93, Jean-Marc Ayrault, président de la fondation pour la mémoire de l’esclavage, Serge Romana, président de la Fondation Esclavage et Réconciliations, Guylaine Mondor, présidente de l’association Sonjé (qui a dit tout le mal qu’elle pensait de la journée nationale du 10 mai), et Emmanuel Gordien, président de l’association CM98, Yaël Braun-Pivet, la ministre des Outre-mer du nouveau gouvernement, a fait sa première intervention publique. En réponse au discours du président du CM98 qui n’a eu de cesse de l’interpeller et de lui demander de le recevoir pour aborder la question du mémorial national promis par le président Macron, la nouvelle ministre a d’abord rendu hommage au travail initié depuis des années par les généalogistes du CM98 et l’historien Frédéric Régent pour établir la liste des noms des esclaves affranchis par la Deuxième République en 1848. 125 000 d’entre eux ont été collectés. « Nous pouvons lire leurs noms, a-t-elle déclaré. Nous pouvons dire leurs noms ! » Yaël Braun-Pivet a ainsi cité quelques-uns d’entre eux tel Louisy Mathieu, esclave émancipé devenu député de la Martinique. « Dire le nom des victimes, a-t-elle poursuivi, c’est regarder l’histoire en face, sans fard ni ombre. Dire leurs noms, c’est rappeler leur humanité, c’est honorer leur citoyenneté. Dire leurs noms, c’est enfin célébrer la liberté dans ce qu’elle a de plus précieux, c’est le sens du mémorial des victimes de l’esclavage tant attendu qui sera prochainement érigé… » Ce moment du discours, également très attendu, a été salué d’une salve d’applaudissements, car a confirmé Mme Braun-Pivet, « tel est l’engagement du président de la République ». La ministre a fait savoir qu’avec les associations et la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, elle veillerait « à ce que ce projet aboutisse ». Elle a ainsi confirmé que ce mémorial se situerait bien au cœur de la capitale, « à quelques pas de l’endroit où la convention a voté la première abolition, et de l’hôtel de la Marine siège du ministère des Colonies où Victor Schoelcher a préparé la seconde ». Ce monument montrera ainsi la reconnaissance de la République pour ces femmes et ces hommes « ainsi que pour leurs descendants ». « Sans elles, sans eux, a ajouté la ministre, en un mot sans les outre-mer, la France ne serait pas la France ! Elle serait moins grande, elle serait moins belle, moins elle-même. » L’ambition de ce monument est aussi de montrer à tous les Français « l’importance de faire vivre la mémoire de ceux que l’on a trop souvent oublié ». Elle a mentionné à ce propos les « journées nationale de commémoration des 10 et 23 mai et celles propres à chaque territoire ultramarin » pour dire que « ensemble, ces lieux, ces dates formeront l’archipel de nos mémoires partagées dans la complexité de notre histoire ».
Après avoir parcouru les stands installés sur l’esplanade, la ministre et les officiels sont allés déposer une gerbe devant le monument créé par Nicolas Cesbron et inauguré en mai 2013, comportant quelques matronymes de nouveaux libres. S’en sont suivis une sonnerie aux morts et la Marseillaise. La journée d’hommage s’est poursuivie en soirée par le concert « Limyé ba yo » avec Jocelyne Béroard, Were Vana, Misyé Sadik, Saïna Manotte, Barth, Rachelle Allison, Warped, Maleika, Célia Wa et un hommage à Jacob Desvarieux qui était jusqu’alors le parrain de cette manifestation.
FXG
Ils ont dit
Emmanuel Gordien, président du CM98 et descendant de Joseph, matricule 47 487
« C’est grâce à la marche du 23 mai 1998, ce big bang mémoriel, que la France a la politique mémorielle la plus avancée du monde pour l’esclavage. (...) Quelques années plus tard, le 10 mai a été choisi. Nous n’avons jamais cessé de nous battre pour que le 23 mai rentre dans le récit national, le calendrier national… »
Jean-Marc Ayrault, président de la FME, a pris la défense du nouveau ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, victime d’attaques racistes depuis sa nomination pour dire « sa réprobation et son dégoût », rappelant qu’il était membre du comité scientifique de la FME : « Ses travaux apportent de la clarté contrairement à ce qui est répandu sur son compte. »