Logement social outre-mer
Le logement social en crise dans les départements d’Outremer
Le logement social en Outremer connaît incontestablement une crise sans fin. Cette situation conduit à un phénomène de surpeuplement dans ces logements dits « sociaux ». Avec une démographie sans cesse en augmentation, les logements surpeuplés conduisent les DOM sur un terrain miné. Quelles solutions sont à la portée de ces collectivités éloignées géographiquement de la métropole, qui en plus rencontrent des difficultés financières les empêchant de mener à bien leurs travaux.
En France, une famille avec enfant(s) mineur(s) sur dix vit dans un logement surpeuplé. Dans les Dom, en proportion, les familles vivant dans des logements surpeuplés sont beaucoup plus nombreuses : selon l’Insee, une famille sur deux dans les villes-centres de l’aire urbaine de Cayenne et trois sur dix dans les villes-centres des aires urbaines de Saint-Denis de La Réunion. Zoom sur la situation délicate de ces deux Régions d’Outremer.
par Stécy Lancastre, étudiante en journalisme (stecy.lancastre@gmail.com)

Tandis que le nombre d’appartements inoccupés sur l’île augmente, les demandes de logements en attente de réponse se comptent par milliers. 22000 familles recherchent un toit à la Réunion. En 15 ans le nombre de logements dépeuplés a quadruplé. Aujourd’hui 2000 logements sociaux sont inhabités et particulièrement dans l’Est du pays.
Dans un département où la croissance de la population est estimée à plus de 200 000 habitants pour les 20 ans à venir (1 million d'habitants prévus en 2030) le déficit en logements sociaux est estimé entre 20 0000 et 25 000 logements. Il en ressort qu'au 1er janvier 2015, le parc locatif social compte 65.072 logements. Ce sont ainsi 21% des ménages qui vivent dans ce type d’habitation. Cependant, l’étude réalisée par l’AGORAH (Agence d’urbanisme de la Réunion) fait ressortir l’existence de plus de 16 000 logements insalubres sur le département, soit 6% du parc de logements de l’île.
Chaque année, à peine 1000 logements sociaux sortent de terre, alors qu’il faudrait en construire 4 fois plus.
Faute de financement, les chantiers ont été abruptement interrompus dans certaines zones du département. À ce jour, 13000 familles ont déposé une demande de logement social. L’avenir semble critique en Guyane. En effet, un guyanais sur six vit dans un logement insalubre. En Février 2015 (il y a un an déjà), le député-maire de Matoury, Gabriel Serville, tirait la sonnette d’alarme à l’Assemblée en demandant "un plan Marshall" (ndlr : programme américain de prêts accordés aux différents Etats de l’Europe pour aider à la reconstruction des villes et des installations bombardées lors de la Seconde Guerre mondiale) pour le logement en Guyane !
L’état des lieux est bien sinistre. Pourtant les solutions ne manquent pas.
Le dispositif de loi Girardin a été adopté le 21 juillet 2003 par le gouvernement Raffarin. Son volet logement social incite les particuliers à investir dans la construction de logements sociaux dans les territoires d’outremer. Il permet aux contribuables redevables de l’impôt sur le revenu ainsi qu’aux entreprises redevables de l’impôt sur les sociétés de bénéficier d’un avantage fiscal en contrepartie d’un investissement dans un programme immobilier social en outre-mer. Cette niche fiscale est à ce jour la plus efficace sur les territoires ultramarins. Elle accélère le développement du parc immobilier dans ces contrées.
Crée en 2015, le crédit d’impôt se met en place au fur et à mesure dans le but de remplacer progressivement le Girardin uniquement applicable dans les DOM (la Nouvelle-Calédonie ainsi que les COM sont des collectivités à fiscalité propre où le crédit d’impôt est inapplicable). Ce dispositif devrait être définitivement mis en place à partir du 1er janvier 2018 et ainsi permettre la construction des nombreux logements sociaux espérés (100.000 dans tous l’Outre-mer !).
La loi Pinel outremer est un dispositif fiscal qui encourage à l’investissement privé dans l’immobilier locatif. Mise en place en 2014 en remplacement de la loi Duflot, elle autorise chaque année pendant 12 ans une réduction d’impôt pour les contribuables investissant dans un logement neuf qui sera mis en location. Cette carotte fiscale est possible sur l’ensemble des territoires ultramarins.
Lancée en 2015 par Sylvia Pinel. Cette aide est destinée aux villes qui rencontrent des difficultés en matière d’immobilier. 2000 euros, c’est le montant de l’aide pour chaque logement construit. L’objectif est de soutenir financièrement les communes qui font un effort important pour construire des logements, afin de les aider à réaliser les équipements publics et les infrastructures nécessaires à l’accueil de nouveaux ménages. « Le Gouvernement entend en effet accompagner les maires volontaristes, qui favorisent l’accès au logement et la relance de la construction » affirme la ministre. Ainsi, en prenant en compte les permis de construire délivrés au 1er semestre 2015, 5,8 millions d'euros vont être alloués à l’outre-mer.