Bavure policière rue Pajol
Confondu avec l'agresseur d'une cycliste, un jeune Marie-Galantais reçoit des coups et une convocation au tribunal
Le 7 octobre prochain à 17 heures, le tribunal de police du 18e arrondissement devait entendre Etienne John, 25 ans, serveur dans un restaurant du Marais. Poursuivi pour outrage sous l'empire d'un état alcoolique... Les poursuites dont fait l'objet ce jeune homme originaire de Grand-Bourg Marie-Galante, vont surtout permettre aux trois policiers qui l'ont violemment interpellé dimanche 25 septembre à 5 heures, rue Pajol à Paris, de se dédouaner de ce qui s'apparente à une bavure.
Ce dimanche, au petit matin, Etienne rentre du travail en vélib, casquette et capuche sur la tête et des écouteurs sur les oreilles. Il est à deux pas de chez lui quand il range son vélo sur emplacement libre. Soudain, il est pris à partie par derrière par trois hommes. "Je ne les avais pas vus, raconte-t-il... Ils m'ont sorti de mon vélib, plaqué au sol... Ils ont du me parler mais avec mes écouteurs, je n'ai rien entendu..." Il découvre les trois policiers, un Asiatique, un Maghrébin et un métropolitain. Ce n'est qu'une fois ses écouteurs enlevés qu'il leur demande ce qui se passe. En guise de réponse, il prend des gifles et se retrouve vite fait menotté, embarqué dans la voiture de police... "Jusque là, je ne sais pas trop ce qui m'arrive..." L'équipage l'emmène à l'hôpital. "J'avais bu un coup à la fin de mon service... J'ai été ausculté vite fait puis embarqué vers un commissariat où j'ai encore reçu des coups avant d'être transféré dans un autre poste de police..." Il assure avoir été étranglé au point d'avoir eu du mal à ingurgiter pendant trois jours (son médecin lui a mis une semaine d'arrêt de travail). "J'ai été gardé en cellule toute la journée... J'ai compris qu'ils me reprochaient un outrage parce que je me suis un peu lâché et que j'ai contesté..." A 18 heures, quand il est relâché, on lui présente un procès verbal qui lui indique enfin pourquoi il a été interpellé. "Je correspondais au profil d'un homme recherché qui avait agressé une demoiselle sur son vélo peu avant... Quand ils ont fouillé mon sac, ils ont trouvé un tire-bouchon, un stylo et un tablier de service... Ils n'ont même pas pris la peine de s'excuser..."
Les policiers ont fait chou blanc, mais Etienne est reparti avec une convocation devant le tribunal de police... Une semaine plus tard, Etienne est encore en colère et il souhaite dénoncer cette bavure : "Je pensais pouvoir vivre tranquillement dans une ville où pendant cinq ans, il ne m'est rien arrivé d'extraordinaire... Et puis là, c'est la peur et l'injustice !" Etienne sera défendu par Me Jock.
FXG, à Paris
Etienne John a passé les quinze premières années de sa vie à Grand-Bourg avant de rejoindre le lycée hôtelier du Gosier où il a d'abord été interne, avant que sa mère ne s'installe aux Abymes. Enfin diplômé, Etienne est parti à Paris, il y a déjà cinq ans, où il a trouvé un emploi de serveur.