Deux ministres au chevet de l'hôpital de Cayenne
Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et Annick Girardin, ministre des Outre-mer, ont répondu aux questions de France-Guyane sur le placement du CHAR sous administration provisoire.
"Un processus de recrutement pour une nouvelle équipe dirigeante"
Quelles sont les raisons de cette mise sous tutelle ? Qui en est responsable ?
Agnès Buzyn : Il ne s’agit pas d’une mise sous tutelle. Les membres de l’administration provisoire ont une feuille de route clairement définie et agiront comme une direction à part entière mais n’ont pas vocation à rester durablement. Ils sont envoyés en mission. Madame la Ministre des Outre-Mer et moi-même avons pris la décision de placer l’établissement sous administration provisoire. Cette décision a été motivée par les difficultés de l’établissement à revenir à une trajectoire financière acceptable avec une gouvernance stabilisée. Cet accompagnement est aujourd’hui nécessaire. Nécessaire bien sûr pour parce que ces derniers mois, le CHAR a connu des tensions sociales très fortes, nécessaire surtout pour que cet établissement puisse regarder l'avenir et avoir une feuille de route pour les professionnels qui y travaillent, nécessaire enfin car nous devons aujourd'hui faire en sorte que les guyanais retrouvent confiance dans leur système de santé.
Le CHAR est placé sous administration provisoire pour six mois. Que signifie une telle décision ?
Annick Girardin : Il s’agit d’une période de 6 mois renouvelable. Pendant cette période, les décisions qui incombent traditionnellement au directeur de l’établissement seront prises par les membres de l’administration provisoire. Les difficultés particulières auxquelles cet établissement est confronté exigent une mesure exceptionnelle de la part de l’Etat, permettant de rétablir la confiance entre les acteurs de la gouvernance afin de partager les orientations stratégiques qui permettront à l’établissement d’offrir aux Guyanais, et dans la durée, un accès aux soins de qualité. Pour la ministre de la santé et moi même, il était important que cette démarche soit expliquée aux élus et aux Guyanais.
Des services vont-ils être supprimés ?
Agnès Buzyn : Non, il n’est pas prévu de supprimer des services.
L'administration provisoire permettra-t-elle d'éviter une nouvelle crise aux urgences ?
Agnès Buzyn : La crise qu’a traversée le service des urgences du CHAR pendant les mois de mai et juin était liée à des postes d’urgentistes vacants et à l’absence d’un chef de service. Un nouveau chef de service et des urgentistes ont été recrutés par la direction du CHAR au mois de septembre permettant de stabiliser le fonctionnement du service. Renforcer l’attractivité médicale constitue un des axes de travail de l’administration provisoire.
Permettra-t-elle aussi la reconstitution d'une équipe dirigeante ?
Agnès Buzyn : Une administration provisoire est par essence… provisoire. De ce fait, un processus de recrutement sera rapidement engagé afin de constituer une nouvelle équipe dirigeante qui succèdera à l’administration provisoire. La mission a pour objectif de remettre l’établissement sur une trajectoire claire, garante de stabilité et donc d’attractivité.
Quels moyens l’État va-t-il mettre en place pour sortir l'établissement de son lourd déficit financier ?
Annick Girardin : Le CHAR bénéficie d’un niveau d’aides très important. Depuis 2014, cet établissement a en effet perçu 57 M€ d’aides nationales en trésorerie. Par ailleurs, la modernisation de l’établissement est financée à hauteur de 40 M€ par l’Etat sur les 42 M€ que coûte le projet. Enfin, plusieurs enveloppes dont celles relatives à la prise en charge de la patientèle précaire et au fonctionnement des centres délocalisés de prévention et de soins ont été revues à la hausse, afin d’assurer une augmentation pérenne des ressources de l’établissement. Le rôle primordial du CHAR dans l’organisation des soins en Guyane, en font le second centre hospitalier le plus accompagné de France
Comment le CHAR va-t-il s'inscrire dans la carte de l'offre de soin et à quelle échéance ?
Agnès Buzyn : le CHAR joue pleinement son rôle d’établissement de recours au sein du territoire guyanais et a une place particulière dans le système de soins guyanais que nous devons conforter
Propos recueillis par FXG, à Paris