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Publié par fxg

Le directeur général de la Caisse des dépôts et consignation aux Antilles-Guyane

Eric Lombard, le directeur général de la Caisse des Dépôts, s'est déplacé une semaine entière aux Antilles-Guyane du 13 au 20 octobre (de Cayenne à Fort-de-France puis à Pointe-à-Pitre et enfin à Saint Martin) afin de rencontrer d’une part l’ensemble des équipes de la Banque des Territoires et plus largement du groupe Caisse des Dépôts et d’autre part ses partenaires sur les territoires : collectivités, Etat, partenaires financiers, acteurs de l’écosystème local : AFD, grands ports…

Il a profité de ce déplacement pour signer des conventions (partenariat, investissements, prêts), visiter des projets réalisés ou en cours de développement qui témoignent des actions de la Banque des Territoires dans la lutte contre les inégalités sociales et les fractures territoriales.

"Nous sommes un aménageur"

Qu'est-ce que la la Caisse des dépôts et quel est son rôle ?

C'est une institution publique qui est placée sous la protection du Parlement et à travers les Assemblées et nos équipes implantées sur tous les territoires, nous avons un dialogue permanent avec les élus des Outre-mer. Les fonds que nous gérons qui sont essentiellement les fonds de l'épargne populaire - c'est-à-dire le livret A et le LDDS - et les dépôts des notaires, nous les prêtons en général à très long terme. Ils portent intérêts et sont remboursés. Les taux sont indexés sur le niveau du livret A. Nous investissons aussi en fonds propres, c'est-à-dire que nous sommes associés au capital de sociétés d'économie mixte, de sociétés immobilières… qui portent les projets que nous accompagnons sur les territoires.

Que représente la Caisse des dépôts dans nos territoires ?

Notre présence est importante dans tous vos territoires. Par exemple, l'année dernière, nous avons prêté au logement social et aux collectivités locales 320 millions d'euros, en particulier pour construire ou réhabiliter 4000 logements. Par ailleurs, en fonds propres, nous avons investi 7 millions d'euros. Nous sommes présents à travers les 20 collaborateurs de la Banque des Territoires qui n’est pas une filiale de la Caisse, mais un de ses cinq métiers au service du développement des territoires. Nous sommes encore directement représentés à travers nos filiales (Bpifrance dont nous détenons 50 %, Egis, Icade) et leurs 38 personnels. Nous sommes aussi actifs via notre collaboration avec l'Agence française de développement (AFD).

Votre visite en Guyane a démarré par une rencontre avec le président Alexandre. La Collectivité qui a retrouvé des capacités d'autofinancement se prépare à contracter un emprunt. Etes-vous partie prenante ?

Nous en avons parlé avec le président. Nous sommes à la disposition des collectivités locales pour réfléchir sur leurs financements. Après, c'est leur décision, bien sûr. En 2016, la CDC et l'AFD ont proposé un financement à la CTG de 53 millions qui finalement ont été apportés par l'Etat sous forme de subvention. Aujourd'hui, il y a des échanges entre la CTG, la chambre régionale des comptes (CRC) et l'Etat sur une évolution de la prise en charge du RSA d'une part et du refinancement de la part d'octroi de mer versée aux communes d'autre part. Le référé de la Cour des comptes demande à ce que les prêteurs publics (AFD et CDC) regardent le dossier. C'est dans ce sens que nous avons rencontré le président Alexandre, pour étudier les sollicitations de la CTG eu égard à ses besoins.

Saint-Laurent fait l'objet d'un vaste programme d'urbanisme. Là aussi, vous êtes des financeurs ?

A Saint-Laurent du Maroni (où je ne m'étais pas rendu depuis trente ans), nous sommes sur un très grand chantier qui est un projet Action coeur de ville, un programme national, pour revitaliser le centre. Nous finançons l'expertise pour tout ce qui est lié au transport, y compris sur le fleuve. Par ailleurs, nous avons financé le nouvel hôpital – le CHOG – en prêtant 47,5M€ et le projet hôtelier sur l'ancien hôpital va nous être présenté. Avec la SIMKO, dont nous sommes actionnaires - via notre filiale CDC Habitat –, nous allons construire dans les mois qui viennent  près de 452 logements sur la zone de Saint-Maurice C'est du financement direct qui est injecté par la Banque des Territoires et derrière, nous participons aussi puisque nous essayons de construire des accords avec les acteurs du BTP pour les pousser à s'ancrer sur le territoire de Guyane en leur assurant, grâce à la programmation pluriannuelle des bailleurs sociaux, un business sur les années qui viennent. Conforter ces entreprises sur le territoire, ce sont des effets indirects des financements sur fonds d'épargne que nous injectons en Guyane.

Etes-vous partie prenante de l'Opération d'intérêt national (OIN) ?

La CDC, à travers la Banque des territoires intervient comme financeur dans tout le logement social, comme avec notre opérateur CDC Habitat qui est devenu actionnaire des SIDOM. L'OIN en Guyane est portée par l'Etablissement public d'aménagement foncier en Guyane (EPAFG) que nous finançons par des prêts Gaia de très long terme. L'EPAFG prépare sur des plans pluriannuels la mise à disposition du foncier, son aménagement et sa viabilisation avant de les revendre aux bailleurs sociaux ou aux promoteurs qui programment la construction des logements.

Vous êtes aussi partenaire de l'entreprise Voltalia dont vous avez inauguré une centrale à Sinamary...

Nous sommes associés à 20 % au capital de l'entreprise. La centrale photovoltaïque de Sinamary est un projet très important de 4 MW et de 15 millions d'euros.

Vous avez encore eu une séquence importante à Kourou...

Nous avons signé plusieurs conventions sur des produits nouveaux, que nous avons lancés récemment. Il s'agit d'un Mobi Prêt qui va par exemple financer sur la PK6 la pose de de 2,5 km de voies. Nous avons aussi constitué un Edu Prêt, qui financera la réhabilitation des écoles de la ville, du restaurant scolaire Maripas, et puis dans la catégorie prêts au secteur public local, nous finançons divers projets de la ville comme la mise aux normes du complexe omnisport, la construction de trois vestiaires à la plaine de jeux… A Kourou, le programme Territoires d’Industrie, auquel nous participons avec l’Etat et la collectivité a pour ambition le développement économique avec la diversification de l'industrie hors du spatial et l'émergence de nouvelles filières…

De quoi avez-vous parlé avec la maire de Cayenne ?

Le plus gros projet, c’est un prêt de 5 millions d'euros pour le financement des réseaux d'eau de l'agglomération. Nous avons également des travaux d'ingénierie sur la rénovation de la ville pour laquelle nous avons engagé 30 000 euros, notamment sur la rénovation des trottoirs et de l'espace public qui est réalisée par Egis, une filiale de la CDC.

Un dîner républicain était à votre programme. C'est important ce type de rencontre ?

C'est essentiel ! En fait le métier de la CDC, c'est qu'en réalité, nous sommes un aménageur du territoire par nos financements, notre ingénierie, notre participation au capital de sociétés. Ce travail, nous le faisons avec les élus, les représentants de l'Etat car ce sont eux qui sont à l'initiative des projets. Donc, quand je me déplace, je suis très attentif à avoir ce type de dialogue avec les élus locaux, les chefs d'entreprise pour les écouter en direct, mieux comprendre leurs projets pour mieux les accompagner.

Martinique

Votre visite en Martinique a débuté ce mardi par une rencontre avec le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, et le député Serge Létchimy. Quels sont les projets foyalais qui vous impliquent ?

Fort-de-France a un dossier "Action Coeur de ville" que j'aime beaucoup. Il y a 222 villes sur toute la France, outre-mer compris, qui sont concernées. A Fort-de-France, le projet avance vraiment bien. Il s'agit de travaux de reprise des réseaux, de voiries et d'études que nous sommes en train de réaliser sur la valorisation du patrimoine, le schéma immobilier... Tous ces sujets sont en cours. Nous avons aussi participé au financement du TCSP.

Le site de Kerlys que vous avez visité fait partie de ce programme ?

C'est une opération immobilière que nous faisons avec la Financière Duval, c'est une requalification d'une friche industrielle sur un montant très important puisque nous apportons 13,5 millions d'euros. Nous avons reconverti cette friche pour le tertiaire, essentiellement des bureaux.

Quel est l'objet de la convention que vous avez signée avec l'AFD ?

Nous sommes vraiment dans une alliance permanente entre la CDC et l'AFD parce que nos mandats sont très complémentaires. Nous avons signé une charte d'alliance en 2016. Et pour que cette alliance fonctionne encore mieux, nous avons signé une nouvelle convention de façon à mieux coordonner notre travail commun sachant que chacun a ses propres financements.

Concernant le site "Aéropôle", que fait la CdC ?

Nous étudions ce que nous pouvons faire en fonction des différents projets. Cela ne concerne pas l'extension de l'aéroport qui est actuellement en cours. L'aéropôle, c'est la partie qui viendra dans le prolongement de l'actuel aéroport pour y développer un site hôtelier, de la restauration, des bureaux tertiaires, des espaces de showroom... L'idée étant d'ancrer autour de l'aéroport une partie des flux qui arrivent sur la Martinique et qui n'ont pas forcément vocation à se rendre à Fort-de-France. L'idée, c'est de leur proposer un lieu de passage de qualité pour rationaliser le flux de mobilité, de touristes par exemple, vers Fort-de-France et donner de l'attractivité au complexe aéroportuaire de l'aéroport Martinique Aimé-Césaire.

De quoi a-t-il été question avec André Lesueur et Eugène Larcher ?

Dans la communauté d'agglomération de l'espace Sud Martinique, nous avons financé l'ingénierie de l'aménagement de la zone de Maupéou pour déterminer quelles seraient les possibilités de renforcement de l'attractivité en termes d'implantation commerciale tertiaire, ce qu'on peut y installer... Sur le même territoire, on a également financé une étude sur le centre aqualudique. Il n'y a pas eu de signature, mais cela nous permet de montrer que nous ne restons pas que sur Fort-de-France : la Banque des territoires est vraiment sur tout le territoire !

Avec une visite au Club Med à Sainte-Anne, le tourisme était un axe fort de ce déplacement...

Ma visite en Martinique a été largement tournée autour du tourisme qui dans cette île est un secteur très important. Nous avons par exemple des projets avec le site de l'hôtel Batelière à Schoelcher sur lequel nous réfléchissons, ou encore l'hôtel Marouba. Il sagit de voir la façon dont les choses se développent. Nous pouvons intervenir par des investissements, c'est ce qu'on a fait avec le Club Méditerranée quand on a investi en 2004 sur le site des Boucaniers. On est souvent en accompagnement du secteur privé parce que nous sommes une forme de caution qui aide d'autres investisseurs à nous rejoindre. Et nous sommes fondés à le faire dès lors que cela sert le développement local.

Guadeloupe

Votre déplacement en Guadeloupe a commencé par une rencontre avec Eric Jalton, le président de Cap Excellence, une agglomération pleine de projets...

Nous participons au financement de plusieurs projets pour lesquels nous avons déjà prêté plus de 20 millions d'euros de financements. C'est considérable, avec la réhabilitation de locaux, du centre des arts, une plateforme agroalimentaire. Nous avons signé une convention financière de 91 K€ pour l’étude de faisabilité du projet d’Agropark. C'est un vrai sujet qui se situe dans le cadre d'un des plus gros plans de rénovation urbaine. Nous participons aussi au projet de réseau de bus à haut niveau de services, le centre de valorisation de déchets…

Sainte-Rose, Bouillante, puis Goyave. Pourquoi ?

On est venu voir, écouter... A Sainte-Rose, il y a un parc éolien sur lequel nous avons investi 2,5 millions d'euros. A Bouillante, c'est l'usine de géothermie qu'on a visitée. Elle fournira bientôt 7 % de l'électricité de l'archipel. A Goyave, nonobstant la rencontre avec Ferdy Louisy, nous avons investi dans la construction d'un groupe scolaire à Bois-sec, une salle polyvalente et la rénovation de l'hôtel de ville. Ce sont des choses très concrètes, très opérationnelles.

Votre participation était très attendue pour le groupe scolaire de Goyave puisque la Région a dû se désengager. Vous arrivez un peu comme un sauveur...

On est souvent bien reçus car nous intervenons en soutien des collectivités  : c'est une relation de travail qui est très agréable parce qu'il y a de la confiance.

Quel est l'objet de la convention que vous avez signer avec le président de Région Ary Chalus ?

Il y a d'abord l'accompagnement en ingénierie sur les services d'eau et d'assainissement pour voir comment ces structures vont évoluer. Pour le moment, nous finançons l'étude. Par la suite, nous serons ravis de mettre à disposition nos outils financiers... Il y a un autre sujet sur lequel nous travaillons avec nos amis de France Active, un réseau d'accompagnement de création d'entreprises dirigé par mon prédécesseur, Pierre-René Lemas. Nous allons créer une plateforme France Active avec un cofinancement de l'expérimentation pour aider les Guadeloupéens qui veulent créer leur entreprise.

Est-ce en lien avec votre déplacement à Jarry, "territoires d'industrie" ?

"Territoires d'industrie", c'est encore autre chose, de plus grande ampleur. Nous préparons l'aménagement des terrains, des infrastructures pour accueillir des projets industriels. C'est pour les entrepreneurs qui ont déjà quelques années ! Nous allons rencontrer Philippe Gothland, le président des entreprises de Jarry, pour évoquer le plan Jarry 2030 et voir comment on peut mettre ensemble tous ses acteurs pour faire avancer ce dossier comme on l'a accompagné en Guyane par exemple.

Un mot sur le Grand port de la Guadeloupe et le projet Karukera bay...

On a déjà financé une étude d'ingénierie. La question, c'est la suite, c'est-à-dire identifier quels sont les projets qui vont émerger et qu'on pourra financer effectivement. Une fois qu'il y a un projet, il faut travailler avec des bureaux d'études pour que le projet prenne forme et qu'on ait des objets mieux identifiés pour mieux les financer.

Quel était l'actualité à Saint-Martin ?

Nous avons retrouvé Philippe Gothland, en tant que président de Figedis, pour visiter la première opération immobilière que nous avons accompagnée, à savoir le portage de l'immobilier commercial à Grand-Case du magasin Grand-Maison. Ca a été aussi l'occasion de signer dans ce magasin les statuts et le pacte d'associés de notre prochaine opération, ensemble, à Cayenne. L'intervention de la Banque des territoires a permis à Philippe Gothland d'économiser ses fonds propres, de travailler son business plan en termes d'ambition de développement. Il nous a sollicités plus vite que prévu pour qu'on l'accompagne à Cayenne, ce qui va lui permettre d'accélérer son projet sur Saint-Laurent-du-Maroni. Compte tenu du succès qu'on a connu ensemble, lui en tant qu'exploitant et nous en tant que co-investisseurs, on a envie de continuer à travailler avec lui et concourir au développement de l'emploi. A Grand-Case, il s'agit de plusieurs dizaines d'emplois.

Enfin, de quoi retourne la convention que vous avez signer avec Daniel Gibbs, le président de la collectivité de Saint-Martin ?

Cela concerne le numérique et le très haut débit. On a déjà travaillé avec la collectivité et les bailleurs sociaux sur la reconstruction post-Irma. Aujourd'hui, c'est l'accompagnement du déploiement du très haut débit à Saint-Martin et les infrastructures qui sont nécessaires avant d'imaginer d'autres interventions de la Banque des territoires. Nous avons parlé évidemment aussi du tourisme puisque Daniel Gibbs nous a sollicités pour accompagner des projets autour de la marina. Vous pouvez ainsi mesurer la diversité de nos interventions au service du développement.

Propos recueillis par FXG, à Paris

 

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