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Publié par fxg

La Guyane à Top Résa

Jean-Luc Le West, président du comité guyanais du tourisme

« Le tourisme, c’est 13 % du PIB guyanais »

Le salon Top Résa, du 5 au 7 octobre, est revenu à Paris après deux ans d’absence pour cause de crise sanitaire. La Guyane y était bien présente à travers son comité du tourisme, ses associations professionnelles comme celle des hôteliers, les EPCI de l’Ouest et du Centre littoral, et les professionnels qui sont venus à la rencontre des tour operator et agents de voyage de l’Hexagone pour vendre leurs produits.

Jean-Luc Le West est depuis 38 ans dans le tourisme et dans le monde entier puisqu’il a occupé nombreux postes d’encadrement dans la chaîne internationale d’hôtels Méridien. « Grâce à la défiscalisation, je suis devenu un spécialiste du management hôtelier et restauration en outre-mer. » Jean-Luc Le West est revenu en Guyane il y a six ans. Il est depuis quelques mois vice-président de la CTG au développement économique et tourisme et président du comité guyanais du tourisme. Entretien

La Guyane a pris le pari du tourisme ?

Nous avons la volonté affichée de faire du tourisme le levier de l’économie en Guyane. C’est important car les socioprofessionnels qui nous accompagnent ont besoin que cette industrie soit reconnue. Elle représente en 2019 13% du PIB guyanais quand le centre du spatial en fait 15 ! Ce n'est donc pas rien ! Il est important de se pencher sur le berceau du tourisme En Guyane, de le cadrer, structurer, former et surtout faire la promotion de la destination pour rendre à la Guyane toute son attractivité. Il y a un dynamisme qui s'instaure au comité du tourisme mais au-delà de ça dans l'idée du tourisme en Guyane ! Ce n’est pas pour autant qu'il y aura plus de touristes demain en Guyane il va falloir du temps. ce qu'on fait aujourd'hui à top résa on enverra les résultats aux grandes vacances de l'année prochaine. C’est un travail de longue haleine et il ne faut pas que ça s'arrête

C’est ici, à Top Résa, que se signent les contrats des prochaines saisons ?

Si vous n'êtes pas là au salon Top Résa, vous ne pouvez pas avoir de visibilité donc on vous oublie tout simplement. La Nouvelle Calédonie est absente cette année parce qu’elle est encore « fermée » ça veut dire qu’elle ne fait pas le pari du tourisme pour les deux prochaines années.

Quelle est l’attractivité de la Guyane, sa capacité d’accueil ?

L'accueil est naturel ! Il manque de formation, d'encadrement mais il est naturel ! es guyanais sont naturellement sympas et la Guyane naturellement généreuse. C’est la culture guyanaise qui veut qu'on sache recevoir parce que recevoir cet envoyer le reflet de sa propre image. Maintenant il ne faut pas se contenter de ça, il faut cadrer, former et aller un peu plus loin…

Lors de la table ronde sur tourisme outre-mer qu’ont animé mercredi à Paris les ministres du Tourisme et des PME, vous les avez interpellés sur l’impossibilité que vous rencontrez pour obtenir une formation qualifiante de guide accompagnateur en forêt amazonienne. Quel est le problème ?

La Guyane c'est une montagne de spécificités et son tourisme n'est pas tourné vers la mer mais vers la forêt, la découverte de ses cours d'eau, de sa faune, de sa flore, de sa biodiversité. Cela s'adresse  à un tourisme de niche et pas de masse comme on peut l'entendre aux Antilles. Nous avons besoin de guides en milieu amazonien. Pour pouvoir faire du guidage, il faut avoir un diplôme, une certification. Nous demandons donc à l'Etat de reconnaître ce diplôme de guide de forêt en milieu amazonien. Pour le moment, on balade les opérateurs qui ont besoin de cette qualification professionnelle depuis des années. Un coup on nous dit que c’est le ministère du Tourisme qui est compétent, on coup, on nous dit que c’est le ministère de la Jeunesse et des sports... J’essaie de monter un CQP (certificat de qualification professionnelle) de cette nature le plus vite possible parce que tant qu'on n'aura pas ça on sera toujours limite vis-à-vis de nos clients. Mais ça va même au-delà de cette seule qualification, nous en avons besoin pour tout ce qui peut se faire en Guyane en termes de tourisme. Lancer ce CQP c'est aussi lancer une étude globale sur les différents types de métiers que l'on fait quand on reçoit des touristes en milieu amazonien.

Vous entendez par là que la Guyane propose un tourisme unique, spécifique ?

On nous oppose souvent le tourisme au Costa Rica. Certes, mais le Costa Rica a une clientèle qui lui est toute dédiée et qui vient d’Amérique du Nord. Lorsque j'étais président de l'Union syndicale des opérateurs touristiques, un de mes adhérents s'est rendu au Costa Rica pour voir. Ils ont créé une ferme d’iguanes. C'est grand comme deux terrains de tennis, vous faites 1 heure de queue, vous payez 10€ et vous entrez dans cette grande cage à ciel ouvert avec des iguanes partout. A la sortie, vous avez vos photos avec un iguane sur l’épaule ! Le rendement est de 100 %. Pourquoi ne ferait-on pas cela en Guyane ? Les gens seront très contents !

Vous avez aussi évoqué avec les ministres la confrontation par forcément heureuse de touristes avec des garimpeiro. Ça arrive souvent ?

Très souvent ! En amont du fleuve Kourou qui accueille des camps touristiques, il y a des gisements aurifères très importants. Et bien plus souvent qu'on ne le croit, des clients croisent des orpailleurs clandestins qui non seulement sont en armes, ne parlent pas le français, ont un regard inquiétant, mais ils n’ont pas peur de cyanurer les cours d’eau en amont des sites touristiques.  Certains courageux avertissent les services de police mais personne ne vient. L’Etat nous dit qu'il n'a pas les moyens de surveiller toute la Guyane, pas même là on envoie des touristes… Je vous rappelle qu’à 70 km de Cayenne, on lance des satellites régulièrement et grâce à certains de ceux-là on peut cartographier la Guyane. On arrive même à identifier des sites d'orpaillage clandestin. Je crois qu'il faut mettre le paquet parce que si les clandestins ont peur, ils ne reviennent pas. Mais quand ils n'ont pas peur, ils savent qu'ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent en toute impunité et piller les richesses mêmes de la Guyane.

Pensez-vous pouvoir réactiver le salon du tourisme de Guyane à Matouri qui n’a pu avoir lieu depuis deux ans ?

Je suis sûr qu'on va trouver un moyen de le faire cette année. C’est important parce que là on touche la niche du tourisme endogène. Il faut que les Guyanais viennent massivement à ce salon et que les socioprofessionnels qui nous font confiance continue s’y rendre, à prendre des stands et continuent à montrer leurs produits.

Etes-vous satisfait de la desserte aérienne de la Guyane ?

Récemment un gros investisseur guyanais est entré dans le capital de Corsair. J’ai rencontré le président de la société qui détient Corsair, M. Kouri, auquel j'ai demandé à quand l'ouverture d'une ligne Corsair vers la Guyane ? Avant la crise c'était une possibilité, m’a-t-il confié, mais depuis il m'a expliqué qu'avec un flux de 400 000 voyageurs potentiels, ce n’était pas assez pour venir… C'est dommage et je trouve encore dommage qu'un investisseur guyanais se mette dans un consortium aérien et que ça ne puisse même pas servir le territoire…

Air France et Air Caraïbes jouent-ils le jeu ?

Les deux compagnies ont joué le jeu même si Air Caraïbes, en début de crise sanitaire, a eu un peu de flottement, mais globalement pendant la crise ils ont fait les vols qu'on leur a laissé faire. Aujourd'hui ils ont repris la continuité de leurs activités et je trouve ça génial. Mais je suis scandalisée qu'on puisse aller facilement à Paris mais qu'on ne puisse pas aller facilement à Belem ou Paramaribo ! Nous avons appris de la compagnie Air France que, parce qu'il y avait des travaux sur la piste à Pointe-à-Pitre, il n'y aurait plus de vols vers Miami jusqu'en mai depuis Cayenne ! Trouvez-vous ça normal ? J'apprends aussi que les préfets de Guadeloupe et de Martinique ne veulent toujours pas de la circulation des biens et des personnes entre les Antilles et la Guyane. Nous n'avons que deux vols pour les Antilles par semaine ! C'est juste scandaleux qu'on puisse être dans une situation pareille !

C’est à cause de la situation sanitaire ?

Entre les Antilles et la Guyane, je sais que ce sont les préfets qui bloquent mais qu'on ne me dise pas toujours que c'est la situation sanitaire ! Parce que ce n'est pas elle qui met les billets à 1200€ pour Fort-de-France ou Pointe-à-Pitre. Il faut remettre les choses à leur juste contexte. Ce sont les compagnies qui ont largement gagné leur vie sur le dos des Guyanais pendant des années, avec les aides de la CCI et de la Collectivité. Et aujourd’hui, on a aucun retour d’ascenseur !

Quelle est la fréquentation touristique en Guyane aujourd’hui et quels sont vos objectifs ?

En 2019, On en était à 100 000 touristes mais 80% d’entre eux sont des visiteurs d'affaires. On sait que beaucoup arrivent le lundi et repartent le vendredi. J’aimerais que, dans les 2 ou 3 ans à venir, le tourisme d'agrément prenne une part beaucoup plus importante. Je ne peux pas vous dire combien, il faut surtout quantifier en qualité de touristes. Tahiti reçoit 275 000 touristes par an, ce n’est pas grand-chose par rapport aux Antilles qui en reçoivent 1 million, mais ce qui compte, c’est le prix moyen par touriste.

Propos recueillis par FXG

Le golf de Kourou dans le top 3 des écoles de golf françaises

Edmé Zulémaro était à Top Résa en tant que premier vice-président du comité guyanais du tourisme, mais c’est aussi le patron du golf de Kourou. « C’est un parcours qui est passé à 18 trous en 2018, il est donc classé international et fait désormais partie des 18 destinations mondiales de golf pour Air-France. » Mais surtout, La première édition du Challenge des écoles de golf qui s’est terminée fin août, a vu l’école du golf de la Réunion prendre la première place devant la Guyane et la Guadeloupe au classement des ligues de moins de dix clubs.  Le critère pris en compte pour ce classement n’est pas le niveau de jeu des joueurs mais le dynamisme de l’école de golf, par l’organisation d’animations ou de compétitions, y compris au niveau départemental ou au sein des ligues. « On fait partie du top 3 des écoles de golf de France, conclut M. Zulémaro. C’est ce qui pouvait nous arriver de mieux ! »

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