Détournements présumés au CDAD
L'affaire prend une dimension européenne
Le rapport de l'Inspection générale de la justice – que Mediapart et La Lettre ont pu consulter – se révèle accablant pour l'ancienne présidente du tribunal de Fort-de-France, Karine Gonnet. Alors qu'une information judiciaire pour détournements de fonds publics confiée au juge Tournaire, jusqu'ici supervisée par le Parquet national financier, le Parquet européen s'est emparé du dossier.
L'affaire du Centre d'accès au droit (CDAD) de Martinique est désormais entre les mains de magistrats basés à Bruxelles. En effet, selon les conclusions du rapport de l'Inspection générale de la justice, les sommes concernées par de potentiels détournements de fonds publics proviennent d'une enveloppe de l'Union européenne. Dans le détail, il s'agit d'une partie des 14,5 millions d'euros versés par le Fonds social européen (FSE) aux bons soins de la CTM, de quoi expliquer les perquisitions du 31 mars dernier au siège de la collectivité martiniquaise.
« Les actions autour de la prévention du cancer du sein ou de la précarité menstruelle, les ateliers de prise de parole […] l’éducation à la sexualité, le bilan santé, la santé par les plantes, les ateliers de cuisine, de danse, de musique, de chant, de vannerie, de poterie, de couture, de plongée, de photographie, la distribution de cadeaux aux enfants hospitalisés ou de compositions florales pour les personnes âgées ou encore la pratique des dominos ne sauraient se rattacher à l’objet du CDAD », cingle l’Inspection générale de la justice dans son rapport.
Dépenses infondées, inappropriées, somptuaires
Plus gênant encore pour Karine Gonnet qui présidait le CDAD, le rapport de l’Inspection fait état de « dépenses infondées ou inappropriées », de dépenses somptuaires pour des formations « bien-être et harmonie de soi en milieu professionnel » ou encore l'achat d'une Jeep à 40 000 euros.
François Saint-Pierre, l’avocat de Karine Gonnet, a souligné à Mediapart que sa cliente n’est pas mise en examen. « Mme Gonnet n’a pas eu connaissance de ce rapport de l’IGJ et apportera à sa hiérarchie tous les éléments de réponse nécessaires. Elle a toujours exercé ses fonctions avec probité et dans l’intérêt de l’institution judiciaire, sans jamais avoir détourné aucun fonds public ».
Karine Gonnet a été nommée dans le ressort de la cour d'appel de Versailles en décembre dernier.
FA Paris