débat budgétaire
Débat parlementaire sur le budget de l’Outre-mer
Michèle Alliot-Marie et Christian Estrosi ont défendu le budget de l’Outre-mer, hier soir, à l’Assemblée nationale. Si leur budget propre s’élève à 1,73 milliards, 15,3 milliards sont répartis dans les autres ministères.
Ils étaient tous là, tous nos députés de la zone Antilles Guyane. Aucun n’a raté ce rendez-vous républicain. Et pourtant, si beaucoup d’entre eux savent que c’est l’occasion de se faire entendre, tous savent aussi que ces interventions ne changeront rien. Victorin Lurel a fait de l’esprit, vantant les talents d’athlète du secrétaire d’Etat, Christian Estrosi. « On commence à vous aimer dans les outre-mers, nous aimerions apprécier le ministre et comprendre votre politique… » Humour pour mieux mettre en cause un budget qu’il estime en baisse de plus de 6 %. Une estimation temporisée par le rapporteur (socialiste) de la commission des finances, Jérôme Cahuzac qui l’estime à + 3.4 %, « à périmètre constant ». Reste que l’ensemble des socialistes ont dénoncé une dette sociale de l’Etat de 1,3 milliards d’euros, une dette aux bailleurs sociaux de 500 millions et une dette aux collectivités de 90 millions. Pour toutes ces raisons, le groupe socialiste, sans surprise, a indiqué qu’il ,ne votait pas ce budget. Alfred Almont, rapporteur de la commission des affaires économiques a donné un avis favorable. Pour le nouveau centre, Jean-Christophe Lagarde a indiqué que ce budget faisait « l’inverse de ce qui serait utile », mais il a indiqué hors séance que son groupe voterait le budget. Pour Alfred Marie-Jeanne, « on n’est jamais satisfait d’un budget ». Comme pour tous les budgets de l’Outre-mer depuis 2002, Alfred Marie-Jeanne vote pour. « Mais aujourd’hui je critique, c’est mon rôle de député pour permettre une évolution. » Et il a rappelé à la séance qu’il avait demandé un rendez-vous avec le gouvernement pour présenter son schéma régional de développement et aborder la question de l’évolution institutionnel. » Je n’ai jamais voté le budget général de la France, ni son budget militaire. » Et Alfred Marie-Jeanne résume sa pensée : « Si je te demande 100 euros et que tu m’en donnes 50, vais-je l’envoyer ch… ? »
« Nous venons débattre d’à peine 10 % de ce qui nous regarde… »Gabrielle Louis-Carabin a conscience que c’est « un budget de rigueur mais où l’outre-mer n’est pas oublié avec 2% d’augmentation. » Elle reconnaît la vraie difficulté du logement social… « Je vote le budget et je soutiens l’action du gouvernement. » Pour Eric Jalton, c’est « un budget indigent ».Ill est déçu pour la dotation des îles du sud de la Guadeloupe qui n’est inscrit nulle part… Pour Christianne Taubira, l’examen de ce budget est « une besogne de ressassement » : « Nous venons débattre d’à peine 10 % de ce qui nous regarde… » Louis-Joseph Manscour évoque « beaucoup d’affichage » pour un budget qui ne répond pas à nos aspirations. Même son de cloche chez Serge Létchimy : « Un budget doit traduire une perspective de développement… Quand on parle de 8 000 logements indignes, de 27 000 logements sociaux à construire contre 250 faits par an…Il faut trouver des solutions innovantes qui sortent du précarré national. Je vote contre mais j’ai voulu tendre la main pour modifier le rapport de avec l’outre-mer sans parler d’indépendance ni même d’autonomie… Nous n’avons qu’un budget technique qui ventile des fonds. » Jeanny Marc s’est dit « un peu déçue » : « J’avais cru à la rupture… L’UMP dit très bien et la gauche dit qu’on a fait des oublis, mais tous les députés ressentent que l’Etat à faire. »Elle qui ne jure que sur l’évaluation des politiques publiques pour mesurer l’impact de la politique du gouvernement ne vote pas ce budget. Chantal Berhelot a pris une leçon avec ce budget, son premier : « Ou on a un ministère qui gère les 15,3 milliards répartis dans les ministères et les 1,73 milliards de l’Outre-mer et j’ai là un vrai partenaire ou bien et c’est le cas, je n’ai pas besoin du filtre politique que représente le secrétaire d’Etat. » Extrêmement déçue, la députée de Guyane a juré que l’an prochain, elle viendrait assister à l’ensemble des débat sur le budget national pour interpeller chaque ministre, c'est-à-dire ceux qui gèrent les 15 milliards qui échappent à Christian Estrosi et Michèle Alliot-Marie.