Montalvo-Hervieu, Gerschwin et la diversité
Montalvo-Hervieu fait danser la diversité
Photos : Laurent Philippe du CCN de Créteil
Le couple de chorégraphes, Dominique Hervieu et José Montalvo, s’intéresse au mélange des danses (baroque et hip-hop, traditionnel et urbain…) et l’assortit d’un mélanges des gens. Une forme de créolisation (au sens d’Edouard Glissant), un Tout-monde se dessine sur les scènes que leur compagnie habite autour du monde depuis plus de vingt ans. Emeline Colonna, la danseuse classique vêtue d’une robe du XXIe siècle qui suggère l’énergie du music hall se met au hip hop debout de Karla Pollux, la Guyanaise et de Christelle Thima Nazarin, la Guadeloupéenne... Elles sont les girls dansantes du cabaret ! Franz Cadiche, fils de réfugié politique haïtien dans le privé, danseur hip hop breaker sur les planches, troque sa danse avec celle de Blaise Kouakou, l’Africain… Ou l’inverse, c’est une fièvre où tous les danseurs s’emportent et nous transportent dans un medley musical de standards !
Les univers et les pratiques s’échangent, s’interconnectent. Avec Good Morning, Mister Gershwin, Montalvo-Hervieu récidive avec la diversité pour servir l’œuvre, la vie de Gerschwin : 20 ans, New York, Broadway ; la danse fantasme le vocable magique du brillant auteur de la Rapsody in blue… S’ensuivent dix ans plus tard, Les Préludes, prétexte d’une chorégraphie de pur mouvement. Et puis, c’est l’hommage à Porgy and Bess, sans les chanteurs, mais avec l’Europe, le jazz, les spirituals et la musique populaire américaine. Aveu des chorégraphes : « C’est une danse jubilatoire et iconoclaste, aux images foisonnantes, qui dit le plaisir des corps en mouvement et l’éclat de leur mélange. » Vu au théâtre des Gémeaux, scène nationale de Seaux. A voir en France, en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande entre septembre et decembre 2009. En attendant la nouvelle création, Orphée et Eurydice, sans doute fin 2010.
Karla Pollux, danseuse de hip hop
Photos : B. Jr. Thouzellier
« Ma grand-mère me disait que toute petite, à Cayenne, je dansais déjà sur du Claude François ! » Aujourd’hui, Karla Pollux, 33 ans, danse dans Good Morning Mister Gerschwin, le dernier spectacle de la compagnie Montalvo. Originaire de Cayenne, Saint-Georges et Mana et fille d’institutrice émigrée en métropole, Karla a été à l’école de la danse de 4 à 17 ans, avec le modern jazz, puis est venu le hip hop avec les influences de Mickaël Jackson, la funk musique… Persuadée qu’elle ne serait jamais danseuse professionnelle, elle fait des études de commerce international, apprend l’anglais et l’allemand. Mais la danse la rattrape. Elle passe une audition à Suresnes Cité danse et depuis, la danse ne l’a plus quittée. Spécialise de la street dance, la danse hip hop debout, elle s’illustre dans le « popin » et les effets, de ralenti ou de reverbe, corporels (parmi une riche palette que permet la fluidité du hip hop !). Une virtuose.
3 questions à Karla Pollux
« J’ai voulu donner de ma personne à George Gerschwin »
Comment avez-vous rencontré la compagnie Montalvo ?
J’ai passé l’audition chez Montalvo-Hervieu parce que ce qui m’intéressait justement chez eux, c’était le métissage des différentes disciplines… Tant de personnes de styles différents ! Ca m’a beaucoup apporté et aujourd’hui, je peux dire que je suis une danseuse hip hop. Avec tous les danseurs, africains, contemporains, classiques, les comédiens, les capoeiristes, on se nourrit un peu de leur gestuelle, on savoure ! Ca ouvre des portes.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans Good Morning Mister Gerschwin ?
Ca a démarré avec Porgy and Bess qu’on a joué à Lyon, l’année dernière. Une pièce que Gerschwin a voulu exclusivement jouée et interprétée par des Noirs. C’est un drame de la misère… Ca n’a pas d’odeur, ça n’a pas de couleur, ça touche tout le monde. J’ai voulu donner de ma personne et je l’ai fait pour rendre hommage à George Gerschwin.
Et la Guyane ?
J’ai toujours voulu m’intéresser à la danse traditionnelle guyanaise. Cet été, je m’y rends d’ailleurs pour ça ! J’aimerais représenter un petit peu plus ma culture, la danse de gwoka, avec le hip hop. Comment pourrai-je les faire vivre ensemble ? Elles sont diamétralement opposées mais finalement c’est toujours la même racine, c’est la danse, le mouvement, le rythme. J’ai en projet un solo de mariage de ces danses.
Franz Cadiche, Coup de foudre avec la breakdance
« Ma rencontre avec la danse s’est faite dans mon quartier, à Chelles, j’étais tout petit. Je me cherchais, je faisais plein de sport, je ne voyais pas trop ce qui me correspondait et quand, dans le quartier, on m’a montré le breakdance, ça a été le coup de foudre. Ca fait dix ans que je danse, j’ai pas lâché. Vers 20 ans, j’ai commencé à travailler avec Black bomber et j’ai passé le casting, j’ai été pris. J’avais entendu parler de la compagnie Montalvo-Hervieu comme une grande compagnie contemporaine mais je n’avais vu aucun spectacle. J’y ai rencontré de bons artistes et ça m’a ouvert l’esprit par rapport à Gerschwin. C’est une musique que je n’aurais pas eu l’idée d’écouter… »
Christelle Thima Nazarin, originaire de Sainte-Anne et Marie-Galante, née à Versailles.
« Je suis Antillaise et ça se ressent »
« Chez nous, en Guadeloupe, il y a beaucoup de baptêmes, de mariages… Je me défoulais jusqu’au jour où j’ai voulu pratiquer la danse, aller à l’école. Je suis passée par le classique, le modern jazz, les claquettes et ensuite, j’ai rencontré la danse hip hop. Je me suis fait repérer à 13 ans. Pour Montalvo, j’y étais allée pour me défouler avant tout et j’ai été prise ! Ce jour là, j’ai dansé toutes les disciplines que je connaissais et j’ai des alliances de hip hop avec de la danse africaine, du gwoka. Dans cette compagnie, j’ai appris qu’on peut être soi-même ! Il y a des compagnies où les mélanges ne sont pas appréciés. Je suis Antillaise et ça se ressent. Quand je danse il y a toute la chaleur du pays. Je viens souvent me ressourcer en Guadeloupe et j’espère y monter quelque projet pour faire connaître la danse hip hop. »

Le couple de chorégraphes, Dominique Hervieu et José Montalvo, s’intéresse au mélange des danses (baroque et hip-hop, traditionnel et urbain…) et l’assortit d’un mélanges des gens. Une forme de créolisation (au sens d’Edouard Glissant), un Tout-monde se dessine sur les scènes que leur compagnie habite autour du monde depuis plus de vingt ans. Emeline Colonna, la danseuse classique vêtue d’une robe du XXIe siècle qui suggère l’énergie du music hall se met au hip hop debout de Karla Pollux, la Guyanaise et de Christelle Thima Nazarin, la Guadeloupéenne... Elles sont les girls dansantes du cabaret ! Franz Cadiche, fils de réfugié politique haïtien dans le privé, danseur hip hop breaker sur les planches, troque sa danse avec celle de Blaise Kouakou, l’Africain… Ou l’inverse, c’est une fièvre où tous les danseurs s’emportent et nous transportent dans un medley musical de standards !

Karla Pollux, danseuse de hip hop

Photos : B. Jr. Thouzellier
« Ma grand-mère me disait que toute petite, à Cayenne, je dansais déjà sur du Claude François ! » Aujourd’hui, Karla Pollux, 33 ans, danse dans Good Morning Mister Gerschwin, le dernier spectacle de la compagnie Montalvo. Originaire de Cayenne, Saint-Georges et Mana et fille d’institutrice émigrée en métropole, Karla a été à l’école de la danse de 4 à 17 ans, avec le modern jazz, puis est venu le hip hop avec les influences de Mickaël Jackson, la funk musique… Persuadée qu’elle ne serait jamais danseuse professionnelle, elle fait des études de commerce international, apprend l’anglais et l’allemand. Mais la danse la rattrape. Elle passe une audition à Suresnes Cité danse et depuis, la danse ne l’a plus quittée. Spécialise de la street dance, la danse hip hop debout, elle s’illustre dans le « popin » et les effets, de ralenti ou de reverbe, corporels (parmi une riche palette que permet la fluidité du hip hop !). Une virtuose.

« J’ai voulu donner de ma personne à George Gerschwin »
Comment avez-vous rencontré la compagnie Montalvo ?
J’ai passé l’audition chez Montalvo-Hervieu parce que ce qui m’intéressait justement chez eux, c’était le métissage des différentes disciplines… Tant de personnes de styles différents ! Ca m’a beaucoup apporté et aujourd’hui, je peux dire que je suis une danseuse hip hop. Avec tous les danseurs, africains, contemporains, classiques, les comédiens, les capoeiristes, on se nourrit un peu de leur gestuelle, on savoure ! Ca ouvre des portes.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans Good Morning Mister Gerschwin ?
Ca a démarré avec Porgy and Bess qu’on a joué à Lyon, l’année dernière. Une pièce que Gerschwin a voulu exclusivement jouée et interprétée par des Noirs. C’est un drame de la misère… Ca n’a pas d’odeur, ça n’a pas de couleur, ça touche tout le monde. J’ai voulu donner de ma personne et je l’ai fait pour rendre hommage à George Gerschwin.
Et la Guyane ?
J’ai toujours voulu m’intéresser à la danse traditionnelle guyanaise. Cet été, je m’y rends d’ailleurs pour ça ! J’aimerais représenter un petit peu plus ma culture, la danse de gwoka, avec le hip hop. Comment pourrai-je les faire vivre ensemble ? Elles sont diamétralement opposées mais finalement c’est toujours la même racine, c’est la danse, le mouvement, le rythme. J’ai en projet un solo de mariage de ces danses.
Franz Cadiche, Coup de foudre avec la breakdance


« Je suis Antillaise et ça se ressent »
« Chez nous, en Guadeloupe, il y a beaucoup de baptêmes, de mariages… Je me défoulais jusqu’au jour où j’ai voulu pratiquer la danse, aller à l’école. Je suis passée par le classique, le modern jazz, les claquettes et ensuite, j’ai rencontré la danse hip hop. Je me suis fait repérer à 13 ans. Pour Montalvo, j’y étais allée pour me défouler avant tout et j’ai été prise ! Ce jour là, j’ai dansé toutes les disciplines que je connaissais et j’ai des alliances de hip hop avec de la danse africaine, du gwoka. Dans cette compagnie, j’ai appris qu’on peut être soi-même ! Il y a des compagnies où les mélanges ne sont pas appréciés. Je suis Antillaise et ça se ressent. Quand je danse il y a toute la chaleur du pays. Je viens souvent me ressourcer en Guadeloupe et j’espère y monter quelque projet pour faire connaître la danse hip hop. »