Sorosoro
La Fondation Chirac au chevet des langues guyanaises
La Fondation Chirac a prévu d’intervenir en Guyane en 2010 pour préserver les langues guyanaises. Les langues amérindiennes de la côte sont les plus en dangers.
La Fondation Chirac, créée en juin 2008, a décidé d’intervenir l’année prochaine en Guyane, via son programme Sorosoro. L’annonce a été faite lors d’un bilan d’étape organisé au Musée du Quai Branly à Paris. Le programme a pour objectif de préserver la diversité linguistique à travers le monde. La Fondationwww.sorosoro.org. Dans un second temps la Fondation lancera des actions de soutien aux communautés autochtones. réalise des tournages vidéos afin de conserver des images et des sons de langues en danger de disparition. Les vidéos sont ensuite visionnables sur le nouveau site internet
Les premiers tournages ont eu lieu cette année au Gabon et au Guatemala. « C’est la moindre des choses de passer désormais aux langues qui se trouvent sur le territoire français », souligne Rozenn Milin. « Nous avions l’intention de commencer plus tôt mais la crise financière est passée par là. Des fonds qui nous étaient promis ont été suspendus », ajoute la déléguée générale de la Fondation Chirac à la diversité culturelle. La Fondation n’a pas encore bouclé le projet et reste à la recherche de fonds. Elle compte sur l’aide du ministère de la Culture et des institutions locales.
« Je pense qu’en Guyane il faudrait travailler sur l’ensemble des langues mais ce ne sera pas possible », souligne Michel Launey, linguiste qui a travaillé huit ans à l’IRD de Cayenne. Hors langues étrangères, la Guyane abrite six langues amérindiennes, deux à quatre langues des bushinengués et le créole guyanais. Selon Michel Launey, « les langues des noires-marrons sont assez bien transmises, elles ne sont pas réellement en danger. En revanche les langues amérindiennes sont dans une situation difficiles voire très difficiles ».
Les langues les plus en dangers sont situées sur la côte. Celles de l’intérieur de la Guyane sont mieux protégées grâce à leur isolement, même si le nombre de locuteurs est moins important. Sur la côte, la transmission du Kali’na, du Palikur et du Arawak est moins bonne. Les parents passent au créole du Surinam (Sranan Tongo).
Avec chaque langue qui s’éteint c’est un savoir culturel qui disparaît (médecine, connaissance de la faune et de la flore…). En conclusion du bilan d’étape, Jacques Chirac a d’ailleurs souligné que malgré le progrès des sciences, des techniques et des communications « l’expérience et l’expression des peuples premiers n'en sont pas pour autant périmées, inadaptées et inutiles ».
La Fondation Chirac prépare également une opération en Nouvelle-Calédonie pour les langues kanaks.
David Martin (Agence de presse GHM)
Le coup de gueule de Michel Launey
Michel Launey regrette fortement le non-renouvellement de la collaboration de neuf intervenants en langue maternelle sur trente. Ils étaient en CDD avec le rectorat de Guyane. « Ils s’agissait des meilleurs, mais le rectorat a craint qu’ils ne demandent un CDI. Ils montaient des « activités du langage » pour que les enfants puissent développer leur langue maternelle », explique cet ancien chercheur de l’IRD. Selon lui « il y a désormais des écoles amérindiennes et noires marrons où il n’y a plus d’intervenant ». Michel Launey s’attend à ce que les 21 intervenants restants subissent le même sort.
La maîtrise de la langue maternelle est pourtant essentielle. « Contrairement aux idées reçues les enfants qui maîtrisent le mieux leur langue maternelle sont plus susceptibles que les autres à s’ouvrir sur le monde et réussissent mieux scolairement. Les autres se retrouvent entre deux langues et deux cultures sans en maîtriser parfaitement une », explique Claire Moyse-Faurie du laboratoire Langues et civilisations à traditions orales du CNRS.