GPL ministre des Outre-mer
Passation de pouvoir à Oudinot
George Pau-Langevin fréquente les locaux de son nouveau ministère depuis plus de vingt ou trente ans et jamais, elle n’avait imaginé un jour occuper cette responsabilité. Alors forcément, hier soir, lors de la passation de pouvoir, elle se disait impressionnée, sur le perron du ministère avec son ami Victorin Lurel. « Lorsque François Hollande m’a appelée, je ne pouvais faire autrement que d’accepter de faire le maximum que je pouvais pour l’Outre-mer. » Elle y mettra « toute son énergie, tout son amour » même si elle sait que le boulot ne sera pas simple. Pas simple déjà de succéder a Lurel qui n’a pas perdu un seul arbitrage depuis deux ans ! « Il a tout réussi », a-t-elle ose. Elle compte bien d’ailleurs continuer à « bénéficier de son amitié et de ses conseils ». Ce qui l’attend, ce sont « des difficultés économiques considérables, une jeunesse qui souffre, sans avenir professionnel »… « Je sais bien que là-dessus, on ne me fera pas forcément de cadeaux. » Elle sait aussi qu’il lui faudra jouer avec « l’impatience de certains de nos compatriotes d’Outre-mer », voire leur « colère » de ne pas voir évoluer les choses comme ils le veulent. Elle a annoncé d’emblée, hier, qu’elle se plaçait dans les pas de son prédécesseur. Sa feuille de route, elle est quasiment pré-établie. C’est Victorin Lurel qui l’a détaillée : « Le pacte de responsabilité et sa déclinaison outre-mer, la mise à plat fiscale et son adaptation outre-mer, les 50 milliards d’économies sur trois ans plus la baisse de 10 milliards sur les cotisations familiales et leurs conséquences pour les Outre-mer… C’est intense et même, selon le sortant, « crispant ». La feuille de route prévoit encore le projet de loi developpement emploi outre-mer, ex-loi de compétitivité emploi, avec un pacte de confiance 2025 pour la Guyane et pour Mayotte.
« J’ai été un ministre heureux », a déclaré Victorin Lurel. Son ministère a été préservé dans la diète budgétaire générale. Pendant ces deux ans à la tete d’un ministère de plein exercice, il y a eu la loi contre la vie chère, la loi sucre, les décrets sur les carburants, le sauvetage de la défiscalisation, le maintien de son budget et le CICE sans hausse de TVA Outre-mer. Une œuvre à parachever, prévient-il : « Il faudra de la volonté politique pour appliquer l’article 1 de la loi contre la vie chère. Pour tous les secteurs où il y a trop de lobbys, trop d’opacité, trop de rentes de situation, il faudra du courage politique pour s’y attaquer. » Il a éprouvé le lobby pétrolier. « Reste encore à vérifier l’application ; j’en ai touché un mot à la ministre… »
Spontanément, George Pau-Langevin a parlé de la Cité des Outre-mer, de la poursuite du combat contre la vie chère et du pacte de responsabilité. « Je vais essayer de faire que les choses ne soient pas trop dures », a-t-elle dit avant d’ajouter : « Il y a aussi un pacte de solidarité avec l’Outre-mer. »
FXG, à Paris
Un départ prévu de longue date
Lurel rentre en Guadeloupe dès vendredi. Quelques jours de repos, puis retour au combat. « J’ai des dossiers importants et il me faut finir un certain nombre de choses avant mars 2015. » Ce départ était prémédité, confie l’ancien ministre. « J’en ai parlé au président de la République quand nous sommes allés au Brésil. Je lui ai dit que je devais quitter le 20 mai au plus tard, trois jours avant les européennes. Je sentais que mes camarades en Guadeloupe avaient besoin que je vienne les soutenir. Ma démission était prévue, simplement, j’avais un problème de date. »