Hollande à Toulon avec les anciens combattants des outre-mer
François Hollande a rendu hommage aux combattants des Outre-mer
Il y avait un beau soleil et un petit vent frais, le matin du 15 août au Mont Faron sur les hauteurs de Toulon pour le début des commémorations du débarquement de Provence. Alignés de la droite vers la gauche, la Guyanaise Jeanne Catayée, la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, et le président de la République… Jeanne Catayée était alors la seule parmi les vétérans des outre-mer à être présente car elle réside six mois de l'année à Toulon. Les six autres anciens combattants (les Guadeloupéens Edmond Sainsily, Léopold Léon, Salinière Ségor, les Martiniquais Raymond Marin Loza, René Roger Velasques et la Réunionnaise Margueritte Jauzelon) ne devaient arriver à Toulon que dans la matinée pour participer à la cérémonie internationale sur le porte-avions Charles-de-Gaulle.
Au Mont Faron, désormais musée Mémorial du Débarquement des Alliés d'août 1944, le chef de l’Etat a rendu hommage de façon très explicite aux combattants des Outre-mer. Après l'hommage national du 2 juin aux dissidents des Antilles et de la Guyane à l’Elysée, François Hollande a tenu à réitérer son geste de reconnaissance, non seulement aux dissidents antillais, mais également à tous les combattants venus des Outre-mer (les anciens du Pacifique, invités, n’ont pu accepter l’invitation en raison de leur âge et de la pénibilité des 24 heures de vol nécessaires).
« Je tenais à être ici, a déclaré François Hollande, pour saluer tous ces héros célèbres ou plus souvent anonymes qui ont contribué à la résurrection de notre pays. Ils étaient l’armée de toute la France, ils étaient même une armée du monde. (…) Il y avait ces soldats qui avaient préféré la France libre à Vichy ; il y avait les dissidents des Antilles qui avaient déjà risqué leur vie en quittant leur île dans des embarcations très fragiles et qui, avec d’autres embarcations heureusement, avaient réussi à débarquer à Cavalaire dans la nuit du 16 au 17 août. Il y avait des Guyanais, il y avait des Réunionnais, il y avait les Tahitiens et les Néo-calédoniens du bataillon du Pacifique, le fameux bataillon des Guitaristes, qui a payé un lourd tribut aussi pour la libération de notre pays, à tel point que le général De Gaulle lui décerna la croix de Compagnon de la Libération en 1945. »
Invités du Dîner d’Etat
Plus tard, sur le Charles-De-Gaulle, George Pau-Langevin est allée à la rencontre des sept anciens combattants et de leurs familles. Elle a longuement échangé avec eux et elle a eu un long tête à tête avec Marguerite Jauzelon. A 97 ans, la Réunionnaise, très alerte et très élégante, s'exprimant posément, lui a présenté le livre qu'elle a écrit pour consigner tous ses souvenirs d'ambulancière au front dans les différentes batailles de France d'août 1944 à mai 1945. Son petit-fils a relaté une anecdote quoiqu’elle ne conta jamais pas trop son histoire à ses petits-enfants… « Il fallait faire un démarrage en côte et personne n'y arrivait. Elle s'y est attelée et elle a réussi sans problème. C’est alors qu’elle a dit aux soldats qu'elle avait conduit des ambulances pendant la guerre dans des conditions autrement plus compliquées. »
Sur le porte-avions, François Hollande a encore une fois rappelé le rôle des Outre-mer en célébrant « une armée mélangée, composite, cosmopolite, qui rassemblait à la fois ceux de Brest et ceux de Bamako, ceux de Londres et ceux de Dakar, ceux d'Alger et ceux de Fort-de-France. »
Les anciens combattants d'outre-mer ont ensuite assisté au premier rang, à côté des chefs d'Etat, à la revue navale assez somptueuse qui a eu lieu devant le Charles-De-Gaulle avec, en point d'orgue, une superbe démonstration de la patrouille de France. Et, enfin, à quelques tables de celle du président de la République, ils ont participé au dîner d'Etat donné par le chef de l'Etat à l'ensemble des quelques huit cents invités.
L’un d’eux a résumé en une phrase leur émotion et leur joie : « Nous en avons oublié la fatigue du long voyage que nous avons effectué pour arriver jusque-là. »
FXG (photo : ministère des Outre-mer)