Les Accords d'Evian sur Arte
Les Accords d’Evian, 50 ans après
Bataille d'Alger © Rialto Pictures
« Notre ambition est que l’on comprenne ce qui s’est passé. » C’est la seule ligne éditoriale que s’est donnée ARTE, selon Emmanuel Suard, son directeur adjoint des programmes, pour les 50 ans des Accords d’Evian. La chaîne franco-allemande consacre à cet anniversaire une programmation spéciale, du 12 au 25 mars. Il s’agit d’offrir un autre regard sur « cette guerre qui ne voulait pas dire son nom ». Sont programmés deux documentaires inédits et un film interdit en France jusqu’en 2005, La bataille d’Alger de l’Italien Gillo Pontecorvo. Tourné deux ans après l’indépendance, en coproduction avec Casbah film, c’est une reconstitution d’Alger en décors naturel, aux heures les plus noires de la guerre d’indépendance. Avec le documentaire Palestro, Algérie, histoire d’une embuscade, Rémi Lainé utilise le choc créé en France par la mort de 21 rappelés du contingent lors d’une embuscade tendue par les maquisards algériens à Palestro, en Kabylie, en mai 1956, pour revenir aux sources de cette guerre. Le propagande française s’en donne alors à cœur joie pour dénoncer la barbarie des fellaghas, le terrorisme aveugle et cruel, mais peu à peu transparaissent des raisons à cette sauvagerie. La terre. Spoliée depuis la colonisation et la révolte de 1871 d’Abdel Krim, elle est aux mains des colons français depuis quelque 80 ans… Aucun villageois n’a oublié qui la possédait avant le soulèvement. Mais c’est l’époque où la France vient partager un peu sa supériorité avec les indigènes ; l’Algérien ne rêve que de revanche. « Depuis toujours », témoigne le fils d’un des plus grands chefs de maquis de Palestro. Des visions incompatibles qui expliqueront plus tard le choix du président de Gaulle, au détriment des Français d’Algérie, mais ça c’est dans l’autre film… Algérie, notre histoire s’intéresse à la fin de la guerre et au putsch manqué des quatre généraux, Salan, Jouhaud, Zeller et Challe. Ce dernier vient ici témoigner dans une séquence qui n’a été diffusée qu’une fois, en 1972, avant d’être escamotée. L’ex-général Challes, atteint d’un cancer de la gorge, explique les raisons de sa rébellion. « Nous avions donné notre parole de militaire au nom d’une politique gouvernementale. Et le gouvernement changeait de politique… » Il ajoute, glacial : « J’aurai sans doute dû ordonner des exécutions sommaires tout de suite, j’aurais été suivi… » Cette séquence vient en toile de fond d’une Algérie française et d’une Algérie algérienne que racontent et qu’ont vécue l’ancien appelé Jean-Michel Meurice, le réalisateur, et le jeune Juif pied-noir de Constantine, l’historien Benjamin Stora. Viennent les combats entre Français, le massacre de la rue d’Isly, l’OAS, de Gaulle, les Harkis et leur abandon, le départ des rapatriés. Terribles témoignages de ceux qui ont du tout quitter, jusqu’aux tombes de leurs parents… « Ces deux films sont des éclairages personnels plutôt que globaux sur l’ensemble du conflit algérien. Palestro, c’est le début, Notre Algérie, c’est la fin », explique Emmanuel Suard. La chaîne diffuse, par ailleurs, deux épisodes de son programme Karambolage, consacrés à l’année 1962 en Algérie.
FXG (agence de presse GHM)
La bataille d’Alger, lundi 12 mars à 20 h 35
Algérie, notre histoire, Mardi 13 mars à 20 h 35
Palestro, Algérie, histoire d’une embuscade, mardi 20 mars à 20 h 35
Karambolage, spécial Alger 1962, dimanche 18 et 25 mars à 20 heures