Les Outre-mer au festival off d'Avignon
L’outre-mer essaime ses créations au festival off d’Avignon
« La présence des compagnies d’outre-mer au festival off d’Avignon progresse », salue l’agence de promotion et de diffusion des cultures d’Outre-mer (blog.cultures-outre-mer.fr). Pour cette édition 2014, seize troupes font le déplacement (complétées par quatre autres dites ultramarines de l’Hexagone) et confronteront au public avignonnais la singularité de leurs créations. Pour valoriser leur présence au festival, l’équipe de l’agence organise le 16 juillet à 11 heures au conservatoire du Grand Avignon (Salle Jolivet au 3 rue du Général Leclerc) une table ronde autour de la « nouvelle génération de femmes créatrices en scène ».
Philippe Beheydt et Magali Solignat de la compagnie Aloé Théâtre de Guadeloupe (Touche-moi) , Valérie Goma du théâtre de la Ruche en Guyane (Léon, Léon, Nègres des Amériques), Lolita Monga de Cyclones Production à la Réunion, (Samdi soir pou oublié), Valérie Berger de la compagnie Tétradanse de la Réunion (FEM et Around Lucy), Olivia Duchesne et Laurent Rossini de la compagnie Cris pour habiter Exils de Nouvelle Calédonie (Eileen Shakespeare) et Eva Doumbia de la compagnie franco-ivoirienne La Part du Pauvre (La vie sans fards) débattront autour de ces deux questions : Comment créer loin des grands centres de la création ? Quels enjeux de filiation, de mémoire et d'identité dans la démarche artistique ? Si la Chapelle du Verbe incarné qui accueille depuis plus de quinze ans le Théâtre des Outre-mer en Avignon reste le lieu emblématique de la création ultramarine, d’autres salles accueillent des troupes d’outre-mer comme l’Espace Roseau, le théâtre des Halles, l’Entrepôt, le Rouge-gorge, le Collège de la Salle, le théâtre de l’Arrache-Cœur, le théâtre Bo, le théâtre de l’Albatros et le théâtre Golovine. Cette année, à l’exception de la pièce de la Martiniquaise Véronique Kanor montée par la Scène nationale de la Guadeloupe au théâtre des Halles, le Off n’accueille aucune création de Madinina.
FXG, à Paris
Loin d’Avignon
La Guyane, le Brésil, la Guadeloupe, la Martinique, puis le théâtre de la Villette (du 22 au 27 juillet) accueilleront la troupe de Saint-Laurent du Maroni, KS and Cola pour jouer « Le songe d'une autre nuit », d'après l'œuvre de William Shakespeare et selon une idée originale de Jacques Martial. Riches de leur histoire et de leur culture de tradition orale, les élèves d’Ewlyne Guillaume et Serge Abatucci du théâtre-école Kololampoe incarnent dans ce « Songe » les invisibles agissants, malins, puissants, espiègles. Des jeunes acteurs issus de l’ENSATT de Lyon viennent compléter l’équipe pour constituer le groupe des Athéniens. « Qu’allons-nous apprendre les uns des autres, des uns et des autres, et de nous-mêmes, dans ce Songe de la nuit d’une région du monde où l’été n’appartient pas aux saisons ? », interroge Jacques Martial qui propose de « fermer les yeux sur nos certitudes, c’est le meilleur moyen de nous repérer dans une nuit différente ».
En Guyane à Mana, du 3 au 5 juillet, à Saint-Laurent du 10 au 12 juillet, au Brésil au théâtre de Macapa, à Fort-de-France à l’Atrium, à Basse-Terre à l’Artchipel.
Programme des pièces au festival d'Avignon (classement par DOM)
Guyane
Compagnie du théâtre de la Ruche
Léon, Léon, Nègres des Amériques, à la Chapelle du Verbe Incarné, à 13h15.
Ecrit et mis en scène par Valérie Goma. Dgiz (musicien contrebassiste et slameur remarquable) et Roland Zeliam figurent la rencontre improbable du sud de l’Amérique du Nord avec le nord de l’Amérique du Sud en langue nègre. Quand l’assimilation à la française rencontre la ségrégation à l’américaine, les paroles se lient et se délient en une création musicale et théâtrale singulière.
Photo : Jean Fleury
Guadeloupe
Compagnie Grace Art Théâtre
Boesman et Lena, à la Chapelle du Verbe Incarné à 14h50.
Un texte d’Athol Fugard adapté et mis en scène par Philippe Adrien avec Nathalie Vairac, Tadié Tuene, Filip Calodat ou Christian Julien.
Cette pièce met en lumière une des nombreuses conséquences de l’apartheid en Afrique du Sud : l’errance des hommes et des femmes. Sur fond de violences verbales et physiques, Boesman et Lena forment un couple de couleur, s’égarant de bidonville en bidonville. Un vieil homme croise leur chemin et permet à Lena de s’ouvrir. Son histoire avec Boesman prend alors une autre tournure…
Photo : Nordy Turlepin
Compagnie Aloé théâtre
Touche-moi, à l’Espace Roseau à 14 heures.
Ecrit par et avec Charlotte Boimare et Magali Solignat, mis en scène
Par Philippe Beheydt.
Venue vivre en Guadeloupe, pour casser les schémas très anciens qui la lient autant à sa mère qu’à ses complexes, Rosa, une jeune pianiste de 30 ans, attend son élève. Les minutes s’envolent et Rosa plonge en elle-même, nous entrainant dans ses remises en question et son manque de confiance en soi, dans les méandres des relations mère fille. Le petit cirque de Rosa raconte, en tourbillons joyeux, le parcours d’une jeune fille devenant femme.
Artchipel - Scène nationale de Guadeloupe
Le temps suspendu de Thuram, au Théâtre des Halles à 11 heures.
Une pièce de Véronique Kanor, mise en scène et scénographiée par Alain Timár avec Dominik Bernard et Ricky Tribord.
Lilian Thuram est kidnappé. On le retrouve ligoté, prisonnier d’un mystérieux Eugène. S’installe alors un huis-clos entre les deux personnages. Dans l’espace confiné d’un débarras, le temps se suspend. Les deux personnages vont s’affronter dans un jeu de la vérité. Qui en sortira vainqueur ?
Compagnie Siyaj
L’Épreuve de Virjilan, au Collège de la Salle à 21h15
Texte et mise en scène de Gilbert Laumord et Daniel Marcelin avec
Gilbert Laumord, Miracson Saint Val, Jocelyn Ménard (musicien). Un dialogue entre Haïti et la Guadeloupe sur la tradition orale caribéenne : contes et chants vaudous et léwòz. La soufrière alias Vyè madanm la (La Vieille Dame) déesse du feu, fatiguée et usée par le pouvoir cherche un digne successeur...
Compagnie Sauterelles à nageoires
Dix grains de sable empilés, au collège de la Salle à 10h15.
Une pièce de Montserrat Castay et Etienne Castay, mise en scène et avec Montserrat Castay.
Le personnage principal est un magicien nommé Maklou, aux prises avec ses concurrents dans un Moyen-Orient mystérieux. Il est ambitieux et espiègle. Pour se démarquer des autres, il se lance dans le projet fou de fabriquer un objet parfait. La mise en scène fait la part belle au conte, à la magie et aux marionnettes tout en laissant une large place à la participation du public.
Compagnie Savann
Un archipel de solitudes, au Collège de la Salle à 22 heures.
Un texte de Frantz Succab, mis en scène par José Jernidier avec Harry Baltus, Dominik Bernard et Joël Jernidier.
Trois frères, PAT et TIK, toujours restés en Guadeloupe, et le dernier frère DOLOR, parti vivre de l’autre côté de l’océan, ne se sont pas revus depuis l’enterrement de leur mère. Cela fait cinq ans. Chacun tente de justifier les raisons de ce long silence. Mémoire mosaïque, en archipel de solitudes, en puzzle. Quel lourd secret taisent-ils ? Chacun semble dialoguer avec le pays qu’il s’invente. Plus rien ne sera comme avant.
Compagnie 2L PROD
Ça va décoiffer, au Théâtre Bo à 16heures.
Ecrit par Laurence Joseph et Laurent Tanguy avec Laurence Joseph.
Dans un tonitruant one-woman-show, Laurence Joseph joue Ernestine, une mamie antillaise de 83 ans, haute en couleur, qui raconte avec verve ses aventures et ses passions tout en distillant des conseils à qui veut les entendre ! Autour d’elle, une galerie de personnages déjantés prend vie, portée par une comédienne caméléon à l’humour plus que contagieux.
Compagnie 2L PROD
Domino, au Théâtre Bo à 17h15.
Ecrit par et avec Laurence Joseph et Laurent Tanguy
Il est blanc, elle est noire, il est de métropole et elle est antillaise. C’est ce qu’on appelle un couple Domino. La pièce joue sur les différences culturelles et donne lieu à des situations particulièrement cocasses et hilarantes !
Compagnie 2L PROD
En roue libre, au Théâtre Bo à 12h20
Ecrit par Gérard Lefort, Laurence Joseph et Laurent Tanguy, avec Gérard Lefort.
Assis dans son fauteuil roulant, Gérard Lefort passe en revue, de manière humoristique la réalité des personnes handicapées sans langue de bois. De l’énergie, des pointes d’humour, des situations ensoleillées par son regard, voici ce que vous allez découvrir...
Compagnie Les mots des femmes d’ici et d’ailleurs
La faute à la vie, à La Chapelle du Verbe Incarné, du 19 au 27 juillet à 20h05. Un texte de Maryse Condé, mis en scène par Joël Jernidier, avec Firmine Richard et Simone Paulin.
Deux femmes racontent leurs fragments de vie. On en sourit ou on en pleure. Elles sont liées c’est sûr. Mais à quoi ? L’amitié ou la rivalité ? Qui est l’homme qui manque à toutes les deux ? Pas aisé de se rappeler les souffrances et d’en prendre distance. Tendre et cruel, sucré et salé à la fois, c’est comme la vie. « La faute à la vie » nous ramène aux méandres de nos mémoires, de nos envies et de nos désillusions.
Rencontre avec Maryse Condé le 23 juillet à l’issue de la représentation.
Photo : Jean-Pierre Listoir
Quai des arts
Duel d’ombres, au Théâtre de l’Albatros à 12h30.
Texte et mise en scène d’Alain Foix, avec Vincent Byrd Le Sage, Philippe Dormoy, Morgane Le Corre et Angélique Ballue.
Duel d’ombres raconte en alexandrins la rencontre entre le chevalier d’Eon et le chevalier de Saint-George avant leur fameux duel londonien. Le Noir se confronte à celui qui a une autre identité sexuelle. Le chabin et le travesti. Ni Noir, ni blanc, ni homme, ni femme… Chacun est aux yeux de l’autre une apparence… Jeux de marivaudages, jeux de mots chargés de sens, dialogue léger abordant les profondeurs d’une réflexion sur la différence, « un monde où la surface est profonde… » « Ce sont des personnages majeurs, dit Alain Foix, qui ne sont ni l’ombre de Mozart, ni, dans le cas de Toussaint Louverture celle de Napoléon 1er. » Le texte est empreint d’une légèreté apparente, « très créole et qui cache une mélancolie, une désespérance », prévient l’auteur qui rêvait depuis longtemps d’écrire une comédie. Saint-George, le XVIIIe siècle, les lumières… Voltaire, qu’il faudrait faire taire, « une drôle de lumière sur la traite négrière », « un Mozart noir comme il se dit d’un chocolat blanc, mais en pire », même en alexandrins !
La pièce relate ce jeu de dupés pas dupes. Soudain, entre deux mesure du concerto en la mineur de Saint-George, au paroxysme de l’action, un cri. Un cri créole. Le juron prend une étrange résonance dans cet aristocrate salon londonien… Les masques tombent… « Un esprit sain dans un corps sain », lance le chevalier d’Eon. « Un esprit sain dans un corsage », rétorque Saint-George affranchi !
Difé Kako
Noir de boue et d’obus, au Théâtre Golovine à 18 h 40 les jours impairs.
Une chorégraphie de Chantal Loïal, avec Louise Crivellaro, Mariama Diedhiou, Alseye N’Dao, Julie Sicher.
Ce spectacle mettant en scène une rencontre pendant la guerre 14-18 qui n’a peut-être pas eu lieu entre les cultures d’Afrique, des Antilles - Guyane et d’Europe, où danse et musique s’imposent comme seules échappatoires ; un autre regard sur la force noire durant la guerre de 14-18.
Photo : Denis Guichot
O vous frères humains, au Théâtre des Halles à 16 heures.
Mise en scène d’Alain Timar. Texte d’Albert Cohen, avec Paul Camus, Gilbert Laumord, Issam Rachyq-Ahrad.
O vous frères humains fut publié en 1972 alors qu’Albert Cohen atteint l’âge de 77 ans. Il y confie un souvenir qui le hanta toute sa vie : un enfant de dix ans découvre, un jour du mois d’août, la haine et le rejet dans les paroles et le regard d’un camelot, occupé à vendre dans une rue de Marseille, des bâtons de détacheur : cet enfant juif, c’était lui...
Trois acteurs, « hurluberlus grandioses », éperdus d’amour et de désir, témoignent de cette toujours brûlante actualité : trois êtres, trois pays, à jamais bercés ou secoués mais imprégnés par la même culture française. Ces « étrangers d’ici » apportent par leur origine et leur différence, par leur présence et leur voix, leur âme aussi, la dimension universelle, d’ailleurs inhérente au récit, sans apitoiement, sans lamentation.
La Réunion
Centre dramatique de l’océan Indien / Cie Cyclones Production
Katerpilar (dyptique), à L’Entrepôt à 19h45.
Samdi soir pou oublié, d’après Daewoo de François Bon, adaptation et mise en scène Lolita Monga, avec Cécile Fontaine, Cécile Hoarau et Manuela Zéziquel
Parole des ouvrières licenciées. Le samedi soir, pour oublier, elles vont au dancing : leur force de vivre se traduit dans la danse.
Elles disent l’usine, jettent leurs mots. La fierté les tient, le sentiment d’avoir été digne. On est dans l’intimité de chacune et dans la chaleur du groupe sans qui elles sombreraient. Une humanité se dégage. La pudeur, mêlée à la rage.
Mésyé Dijoux
Un texte de Sully Andoche, mis en scène de Luc Rosello avec Nicolas Givran et Loran Hoarau.
Île de La Réunion, campagne électorale de 1966, ou comment la vie ordinaire de Monsieur Dijoux, gardien de la caserne des pompiers et factotum du Maire, a croisé le fabuleux destin de Michel Debré, grand serviteur de l’État. Un fragment de mémoire insulaire, ironique et joyeux.
Compagnie Tétradanse
FEM / Around Lucy, à la Chapelle du Verbe Incarné à 12h05.
Un spectacle de Valérie Berger avec en alternance Valérie Berger, Sandrine Ebrard, Myriam Soulanges, Céline Amato.
FEM convie trois femmes sur le plateau. Elles avancent masquées. Portant capuche ou voile, les corps revendiquent ou subissent le tissu qui les couvre. Pieds vissés au sol, les danseuses explorent l’impermanence des états sensoriels des corps confrontés à toutes formes de discrimination.
Double inversé de FEM, Around Lucy est une pièce qui dévoile les corps dans un spectaculaire retour à l’instinct. Geste primitif, épuré, élémentaire. Tout se vit et se crée dans l’instant.
Photo : Valérie Bosc
Nouvelle-Calédonie
Compagnie de l’Archipel et Troupe Lyrique du Conservatoire de Musique et de Danse de Nouvelle-Calédonie
Pas sur la bouche, au Rouge Gorge à 12 h 25.
Une opérette de Maurice Yvain et André Barde, mise en scène de Florence Montana avec
S. Torres de Mingo, H. Davy, M. A. Bothorel, D. Jea, M. Vollmer, F. Paulin, M. Soulard, S. Nicolettos, F. Montana, M.H. Wiplier, M. Vignoud, J. Marchand, S. Renier.
Dans cette opérette comique, l’époque des « années folles » est décrite à la manière d’une farce où chacun des personnages illustre les mentalités à bousculer. Gilberte a épousé Georges Valandray avec lequel elle vit parfaitement heureuse. Toutefois, elle lui a caché un premier mariage dont seule sa tante, vieille fille, connaît le secret...
Compagnie Cris pour habiter Exils
Eileen Shakespeare, à l’Espace Roseau à 10 h 45
Un texte de Fabrice Melquiot, mis en scène par Laurent Rossini avec Olivia Duchesne.
À Stratford, Eileen Shakespeare, sœur de William, est décidée à tous les sacrifices pour changer sa vie. Mariée de force à un négociant en laine alors qu’elle brûle de devenir actrice et auteure, elle refuse et rejette les conventions sociales et la domination des hommes, et part pour Londres emboîter le pas à son illustre frère. Un Londres à l’époque élisabéthaine dans lequel « les femmes n’existent pas » et sont encore moins actrices.
Compagnie de Danse Contemporaine de Nouvelle-Calédonie
Le Berceau des esprits, à la Chapelle du Verbe Incarné à 21 h 50.
Un spectacle de Sthan Kabar-Louët avec Tanguy Ricaud, Charlory Thomson, Tuaï Machoro, Julie Fortin, Tania Alaverdov, Sthan Kabar-Louet
Le Berceau des esprits s’inscrit dans le prolongement de A l’Aube de la Nouvelle Lune, traitant de la naissance du monde dans la cosmologie kanak, et de Figure In !, réalisé en écho à l’exposition « Kanak, l’art est une parole », qui témoigne du cheminement de ce peuple.
Le Berceau des esprits met l’accent sur un trait important de la culture kanak, « le verbe », et la force de la parole dans les sociétés orales océaniennes.
Photo : Justine Collomb
Compagnie Art’Scénic
L’Avare, au Théâtre de l’Arrache-Cœur à 22 heures
D’après Molière, mise en scène Nathalie Doussy avec Chantal Baillou, Bertrand Cuenca, Nathalie Doussy, Mariella Lablaude, Patrice Lablaude, Françoise Lemoine, Julie Lemoine, Lionel Moulin, Mathieu Sacquépée
Quand Molière rencontre Bollywood... Dans l’Inde contemporaine, la question de la dot, du respect dû au père, de l’amour interdit est encore d’actualité et fait d’ailleurs partie des thèmes classiques du cinéma de Bollywood. L’Avare n’est pas une farce, mais une comédie. En replaçant la pièce dans un autre pays, on peut traiter avec sincérité et émotion le texte.