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Publié par fxg

Lâcher de poèmes d’outre-mer dans le métro et les rues de ParisParapluies-blancs.jpg

A 12 h 15 lundi, dans la vaste salle des pas perdus de la station de métro Auber, Une centaine de parapluies blancs se sont ouverts simultanément, déclenchant aussitôt  cent voix qui disent le poème du poète calédonien Pierre Gope, S’ouvrir. Tous les parapluies blancs ont été actionnés par des liseurs de poèmes organisés en brigades d’intervention poétique et prêts à partir tout l’après-midi à la conquête des oreilles des Parisiens. Ils vont lire Henri Corbin, Max Jeanne, Léon-Gontran Damas, Rai Chaze, Sony Ruppaire, Guy Tirolien, Jean Albany, Gilbert Aubry, Dewé Gorodé, Victor Segalen… Maximin-MLP-Ockrent-Simeon.jpgPuis les choses sont redevenues sérieuse. Isabelle Ockrent, la soeur de Christine, directrice de la communication de la RATP est venue dire tout le bien que la RATP pense de la poésie, avant de céder la place à une Marie-Luce Penchard radieuse : « Sans parodier Queneau, je ne peux m’empêcher de penser que nous sommes tous réunis dans le métro autour des poèmes ! Nous sommes dans une dynamique pour faire connaître les outre-mer… » Juliette-Binoche.jpgDaniel Maximin a préféré remettre sa casquette de poète pour dire l’un des siens, choisis pour l’occasion, Etre poète : « La poésie tourne avec la terre sans se soucier des Terriens… » Puis ovationnés par les centaines de comédiens qui attendent le signal du départ, Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des poètes, a salué la RATP et les parkings Vinci, ces monstres des profondeurs de la ville qui affichent de la poésie sur leurs murs borgnes. « Ce lancement national du printemps des poètes manifeste la présence de la poésie au cœur de la cité. » Jacques-Bonnaffe-en-scene.jpgEt Juliette Binoche vînt sur la scène dressée dans cette salle d’échange de la RATP et du RER réunis : « Ecoute ô bien aimé, je suis la réalité du monde, le centre et la circonférence, j’en suis les parties et le tout, j’en suis la volonté établie entre le ciel et la terre… » Après ces vers d’Ibn Arabi, l’ancien compagnon de jeu de Juliette Binoche dans Mauvais sang et Les amants du Pont-neuf, les premiers films de Léos Carax, est venu dire du Glissant, Il a mis de la voix, de la sueur, des larmes et du sang pour dire ces Grands chaos. Denis-Lavant.jpgSoudain, de la salle un homme s’écrie, déclame, surprenant le comédien sur la scène. Il a un bonnet, semble plus proche de ces SDF du métro que des paillettes des acteurs… Il n’est pas ivre, c’est du Rimbaud, c’est Le bateau ivre. Le grand comédien Jacques Bonnaffé est venu secouer la solennité du moement en rappelant par son geste que la poésie est un cri d’émotion. Jacques-Martial.jpgSon interprétation de la Prière d’un petit enfant nègre du poète marie-galantais, Guy Tirolien, a été le meilleur moment de ce lancement. Tirolien vivant et le cri de cet enfant si déchirant donne en quelques rimes une image de l’assimilation… Jacques Martial, oubliant un instant Césaire et son Cahier, a incarné Rai Chaze, la poétesse polynésienne, avec Les héritiers déchus, avant de lire Mes yeux-paroles de la Wallisienne Virginie Tafilagi. Un autre comédien, Hugues Quester a lu encore du Rai Chaze (Le souvenir de la mer et Pluie sur la mer) et aussi Visite de Joseph Zobel. Greg Germain qui a franchi la ligne depuis son incarnation de Léon-Gontran Damas, dans Beautyful, le court métrage de Pélagie-Serge Poyotte alias Frédéric Lucas, a lu La lettre au poète Léon Damas de René Depestre, puis Ultramarine de Sony Rupaire, et Le calendrier lunaire d’Aimé Césaire. Lycee-chaptal.jpgAprès les 21 élèves du lycée Chaptal de Paris qui ont lu en polyphonie Batouque d’Aimé Césaire, Robin Renucci est venu conclure avec Les îles solstices d’Edouard J. Maunick, Dis-leur, d'Ernest Pépin, et Solde de Léon-Gontran Damas. Alors seulement les brigades d’intervention poétique sont parties à l’assaut de la capitale.

FXG (agence de presse GHM)

Photos : Régis Durand de Girard

Les poèmes lus à Paris sont tirés de la première anthologie de la poésie ultramarine, Outremer, trois océans en poésie, aux éditions Bruno Doucey.


Interview de Jacques Bonnaffé, comédienBonnaffe.jpg

« La poésie peut s’échapper comme un pet »

Vous avez commencé votre intervention poétique en demandant ses papiers à Marie-Luce Penchard…

Non ! Je n’ai pas fait un contrôle de papiers, j’ai dit : « Contrôle des titres de transport ! » J’ai joué avec la RATP, rentre avec tes pieds !

Ca préfigurait néanmoins le fracas de votre entrée en scène, assez remarquable, en surgissant du public et déclamant Le bateau ivre de Rimbaud pendant que Denis Lavant vous faisait écho sur scène…

La poésie peut être quelque chose de très solennel, très grand et impressionnant, et en même temps, ça semble s’échapper… comme un pet. Comme un pet inattendu, une nécessité malodorante, drôle pourquoi pas…

Et puis vous avez été sublime avec ce poème de Guy Tirolien, Prière d’un petit enfant nègre

C’est dans la tête, il faut l’arracher comme ça… Je savais que dans l’ensemble des textes qui allaient être dits aujourd’hui, il serait bienvenu, qu’il allait avoir une autre pulsion. Peut-être. C’est une mémoire salubre, violente d’une certaine manière, vive et heureuse.

N’avez-vous pas l’impression qu’il a pu résonner dans l’oreille des usagers du RER un peu comme du Prévert ?

Un peu, peut-être… Mais c’est davantage le fondement d’une certaine poésie. La poésie se ballade entre des gens très sérieux, de grands diplomates comme Saint-John Perse, et, effectivement, des comptines pour enfants. Il n’y a rien qui sépare d’un geste à l’autre.

Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)


Les autres imagesGreg-Germain.jpg

Greg GermainHugues-quester.jpg

Hugues Quester


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<br /> <br /> L'amour en vague de l'âme<br /> <br /> <br /> Ah! Quel Mardi<br /> <br /> <br /> Jour né de la femme<br /> <br /> <br /> Ah! qu'elle m'a redit<br /> <br /> <br /> Et puis aussi, quelle peau !<br /> <br /> <br /> Oui de quelle peau êtes vous ?<br /> <br /> <br /> Poête depuis le pot !<br /> <br /> <br /> que des mots de... tête<br /> <br /> <br /> peau étirée, pas de mou<br /> <br /> <br /> Pow ! raviver la femme<br /> <br /> <br /> point de zouk ni de zouglou<br /> <br /> <br /> mais que des maux de tête<br /> <br /> <br /> pas que des mots de tête<br /> <br /> <br /> Oui que des mots de tête<br /> <br /> <br /> <br />
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