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Publié par fxg

Aimé Césaire rejoint Arthur RimbaudPlaque-de-rue-Aime-cesaire.jpg

La municipalité de Charleville-Mézières a inauguré, vendredi 25 novembre, une rue du quartier La Houillère du nom d’Aimé Césaire en présence de la ministre de l’Outre-mer et du maire de Fort-de-France.

Dans le même temps, l’Amicale afro-antillaise des Ardennes organisait sur la place Ducale de la capitale ardennaise une exposition dédiée à Arthur Rimbaud et Aimé Césaire.

maires-Fdf-et-Ch-M-MLP-Palcy-Bidelogne-inauguration.jpgRaymond Saint-Louis Augustin,le maire de Foyal, Marie-Luce Penchard, ministre de l’Outre-mer, la réalisatrice Euzhan Palcy, ont eu bien froid vendredi 25 novembre dans la capitale des Ardennes. Mais pour rien au monde, ils n’auraient voulu manquer l’inauguration d’une nouvelle rue Aimé-Césaire dans la ville qui a vu naître un très grand poète, Arthur Rimbaud. Ce n’est pourtant pas la première rue qu’une cité de l’Hexagone consacre un espace urbain au plus grand des Martiniquais… Il faut y voir les liens très forts qui unissent cette ville aux Antilles grâce à la présence quarantenaire d’un noyau dur et militant : l’amicale afro-antillaise des Ardennes. Dès lors qu’ils ont eu vent de l’année des outre-mer français, Alain Bidelogne, son président, Bernard Dordonne, Jean-Yves Faraudière, Jocelyn Sonor (frère d e l’ancien international de football Luc), François Binga sont allés taper à toutes les portes, mairie, région, département... Palcy-Saint-Louis-augustin-plaque.jpgLe préfet Pierre N’Gahane leur a dit : « Sortez  du traditionnel ti punch, accra, boudin. Soyez ambitieux ! » Alors, ils ont développé un véritable programme qui a démarré le 10 mai : une projection des films d’Euzhan Palcy, Rue Cases-nègres et Parcours de dissident, un plaque explicative dédiée à Victor Schoelcher dans la rue carolo-mézérienne qui porte son nom, une exposition sur l’Africain blanc et le chantre de la négritude, Rimbaud et Césaire, un chanté Nwel et même un concert de Kassav ! Le nec plus ultra est venu quand Claudine Ledoux, maire de Charleville-Mézières leur a annoncé : « J’aurai une surprise pour vous… » Et c’est la rue Aimé-Césaire, devenue réalité vendredi. C’est une rue neuve qui dessert les petites villas du lotissement Clos-Paul, dans le quartier La Houillère. MLP-Bidelogne-Ledoux.jpgLa plaque a été dévoilée après une série de discours et une lecture du poème d’Aimé Césaire, Barbare, par Gary Cadenat, acteur de Rue Cases-Nègres. Claudine Ledoux a vanté « la pluralité des cultures, richesse de notre patrimoine commun » : « En cultivant son identité, on va vers l’universel », a-t-elle déclaré dans les pas de Césaire. Saluant le lien jeté entre Césaire et Rimlbaud, Raymond Saint-Louis Augustin, évoquant l’Africain aux yeux bleus et le Nègre fondamental, a déclaré : « La négritude n’est pas affaire de couleur de peau, maid de situation, celle de dominé. » Marie-Luce Penchard a eu des élans poétiques quand elle a déclaré : « Le mont Olympe (qui domine le massif ardennais et Charleville-Mézières) sera, à compter de ce jour, parent de la Soufrière et de la Montagne Pelée, et Aimé Césaire, depuis la crypte du Panthéon comme depuis la Martinique où il repose, se réveillera demain dans cette rue de Charleville-Mézières qui dorénavant porte son nom. »

Césaire et RimbaudEuzhan-Palcy-place-ducale.jpg

Sitôt après, la délégation s’est transportée sur la place Ducale (Une petite sœur jumelle de la place Vosges due au neveu d’Henri IV), où l’Amicale afro-antilaise des Ardennes et le conseil général des Ardennes ont monté l’exposition consacrée aux deux grands poètes. Expo-Cesaire-et-Rimbaud.jpgEntre celui qui disait « Je est un autre » et son cadet qui disait : « Nègre je suis, nègre je resterai », l’exposition fait le lien. « Tout deux étouffent dans la société qui les entourent… », souligne la maire de Charleville. « Deux poètes affûteurs de beauté et de sensibilité subtile… », selon le maire de Fort-de-France. Les visiteurs ont pu découvrir des reproductions géantes des pages du numéro spécial que France-Antilles a consacré à Aimé Césaire en avril 2008, au moment de sa mort. C’est Bernard Dordonne, ancien journaliste de la rédaction de France-Antilles et désormais chef d’agence de l’Union de Reims et L’Ardennais à Charleville, qui est à l’origine de ce partage. Bernard-Dordonne-presente--expo.jpgIl est a d’ailleurs aussi celui qui a œuvré à la venue des hôtes illustres de cette journée ! Des élèves du collège Léo-Lagrange ont porté l’émotion à son comble en proposant une lecture à plusieurs voix de leur travail sur l’œuvre de Césaire. Emballée, la ministre a tenu à les remercier : « Vous êtes la démonstration que le regard porté sur l’Outre-mer peut changer et a changé ! » La journée s’est achevée au Conseil général par une nouvelle série de discours qui a permis à la centaine des antillais établis dans les Ardennes de se réchauffer dans la chaleur des cœurs à défaut de celle du pays.

FXG (agence de presse GHM)Collegiens-Leo-Lagrange.jpg


Ils ont dit

Euzhan Palcy

« Aimé Césaire a déjà laissé sa trace dans des milliers d’esprits à travers le monde et je trouve admirable que dans des villes comme celle-ci qu’il y ait une rue, une trace physique qui rappelle aux générations futures qui était ce grand homme. Qui plus est dans la ville de Rimbaud. Tout deux sont de grands amis, spirituellement parlant, qui ont beaucoup de choses en commun. »

Luc SonorLuc Sonor

« J’ai été formé ici ! Je suis arrivé de la Guadeloupe, j’avais 13 ans, et j’ai atterri à Charleville-Mézières. J’ai joué au foot à Auvillers-les-Forges, puis à Sedan. J’habitais avec mon frère Jocelyn, rue Bourbon. Mon frère a été président de l’association AAAA. C’est tout naturellement que j’ai répondu à leur invitation. »


ITW Raymond Saint-Louis Augustin, maire de Fort-de-France

Raymond-saint-louis-augustin.jpg«  Il n’est pas important d’être noir ou blanc, mais d’être homme »

Quelle importance accordez-vous à un tel baptême, si loin de Foyal ?

C’est capital à un moment où le monde est en pleine effervescence, que ce soit dans le Maghreb, en Egypte, en Côte d’Ivoire, au Yémen ou ailleurs, que le message césairien soit compris et que chacun puisse se l’approprier. C’est un message qui incite à mieux cultiver son identité, non pour se recroqueviller sur soi, mais pour d’ouvrir au monde. C’est d’abord un message de solidarité, de fraternité vraie et il faut qu’il puisse être inoculé à tout le monde, que cet humanisme soit mieux connu, mieux intégré pour que le monde s’en porte mieux.

Il y a une symbolique forte ici, dans la ville de naissance d’Arthur Rimbaud…

Je remercie Claudine Ledoux, maire de Charleville-Mézières qui a eu cette idée géniale, géante de rapprocher ces deux hommes, pratiquement de les unir. Rimbaud se proclamait l’Africain blanc aux yeux bleus tandis que Césaire disait : « Le Nègre t’emmerde. » Manière de dire de ne pas le regarder comme Nègre, mais comme un homme. Leurs messages se rejoignent en bien des points et ils méritent d’être associés. Il n’est pas important d’être noir ou blanc, mais d’être homme, debout, droit et libre.

Savez-vous où vous irez la prochaine fois pour inaugurer un espace public dédié à Aimé Césaire ?

Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faut absolument que toute discothèque, médiathèque, bibliothèque, toute artère ici ou là prennent le nom d’Aimé Césaire. Il faut conserver à Césaire l’aura qu’il mérite.

Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)


ITW Alain Bidelogne, président de l’Amicale afro-antillaise des Ardennes

Alain-Bidelogne.jpg« Nous sommes très présents dans la cité »

Quel rôle a joué votre association dans ce baptême ?

Nous n’en sommes pas à l’origine même si l’association a tout de même joué un rôle. Le maire de Charleville voit que nous sommes très présents dans la cité, dans toutes les manifestations dans le département et elle nous a fait ce cadeau, profitant de l’opportunité de l’année des Outre-mer. Probablement l’aurait-elle fait dans l’avenir, mais elle a profité de cette année des Outre-mer pour le faire.

Qui se cache derrière votre amicale ?

Notre association a 40 ans et regroupe une quarantaine d’adhérents dont Bernard Dordonne, l’ancien président Jocelyn Sonor, Jean-Yves Faraudière, le fils de Sylvère qui a été inspecteur d’académie, ici, pendant six ans. Elle a été créée sous le nom d’Amicale africaine des Ardennes par Amadou Diallo et regroupait au départ les Sénégalais, Maliens et Réunionnais des Ardennes. Célestin Esso, le deuxième président m’a convaincu de les rejoindre avec mon compatriote guadeloupéen François Binga et quelques autres et nous avons rajouté un A !

Vous avez été la cheville ouvrière des manifestations de l’année des Outre-mer français dans ce département…

Nous avons commencé le 10 mai, jour de la commémoration des abolitions de l’esclavage et de la traite négrière, par le dévoilement d’une plaque dans la rue Victor-Schoelcher. Les Ardennais ne savent pas qui il est alors nous avons permis de faire savoir qu’il était le père de l’abolition de 1848. Nous avons organisé une soirée antillaise avec l’élection du meilleur costume, la projection de Parcours de dissidents, l’exposition et, aujourd’hui, l’inauguration de la rue Césaire.

Quelles sont les opérations à venir ?

Il y aura un chanté Nwel (les livres de cantique sont prêts) et nous nous apprêtons à recevoir Kassav et préparons en 2012 une exposition sur l’agriculture dans les DOM.

Propos recueillis par FXGMLP-Huret-Dordonne-Palcy-Cadenat.jpg

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