Soirée Guyane sur France Ô
Un pont trop loin
France Ô propose une soirée investigations sur la Guyane. Au menu, le pont sur l’Oyapock qui relie le Brésil à la France, et le pétrole découvert au large de Cayenne. (photo : DDE Guyane)
Pour parler de son pays, la Guyane, lorsqu’elle siégeait sur les bancs de l’Assemblée, Christiane Taubira, aimait dire : « Le nez dans les étoiles, les pieds dans le marigot… » Elle résumait ainsi le cliché de la forêt primaire jouxtant le centre spatial de Kourou… Pour sortir de cette image réductrice, l’émission Investigations de France Ô s’intéresse à la France équinoxiale. Une France quasi inconnue des Français. « On oublie trop facilement que la plus grande frontière de la France, c’est le Brésil », assène Samira Ibrahim, présentatrice d’Investigations. Une soirée, deux films, pour découvrir une Guyane bientôt productrice de pétrole et désormais arrimée au Brésil par un pont sur le fleuve Oyapock, tout juste achevé. « Le pont sur l’Oyapock a coûté très cher, explique l’animatrice de France Ô mais il ouvre des perspectives nouvelles avec le Brésil… » C’est là l’objet du documentaire de première partie de soirée qu’a réalisé Nicolas Ransom. Il explore les rapports nouveaux que ce pont de 50 M€ décidé par les présidents Chirac et Cardoso en 1997, doit permettre de créer entre le Brésil et la Guyane. Deux piles de 83 mètres de haut agrémentés de haubans lui donnent un air de petit pont de Millau ! « Ce pont, symbole d’ouverture peut être aussi une séparation », résume Samira Ibrahim. D’ailleurs, si tout est prêt côté français, il reste, de l’autre côté de la frontière à goudronner les 200 kms de piste qui le relient à Macapa, la capitale de l’Amapa, un Etat enclavé au nord du Brésil. Un chantier entamé en 1940 ! Ce pont pose à tous, comme au maire de Saint-George de l’Oyapock, Fabienne Mathurin, la question de la mobilité transfrontalière entre les deux rives. Pas besoin de visa pour aller au Brésil ; dans l’autre sens, c’est obligatoire et 62 policiers patrouillent en permanence à Saint-Georges. « Mais, ce sont tous des Amazoniens, des enfants du fleuve et de la forêt ; ils sont chez eux », commente le consul du Brésil en Guyane. « Ce pont, analyse Christiane Taubira, est le résultat d’un fantasme partagé entre deux présidents. On en revient à l’Eldorardo ! On n’a pas modifié le droit, pas articulé les pratiques… Aucune économie n’a été pensée autour de ce pont. » En revanche, on assiste à la militarisation de la région pour lutter contre l’installation des garimpeiros (on les estime à plus de 4000 en Guyane). La coopération policière n’est qu’une ébauche et seuls 0,7 % des exportations guyanaises vont au Brésil. En revanche, 7 tonnes d’or guyanais, soit 290 M€ passent au Brésil chaque année. Pour que ce pont ne soit pas inutile, les autorités françaises et brésiliennes doivent régler le problème transfrontalier. Pendant ce temps, les trafics continuent, en pirogue et sous le pont.
FXG (agence de presse GHM)
L’or noir de Guyane
Le pétrole découvert au large des côtes de Cayenne en décembre dernier fait l’objet du reportage de deuxième partie de soirée. « C’est extraordinaire, s’enthousiasme Samira Ibrahim, cette découverte pourrait faire entrer la France dans le club très fermé des producteurs de pétrole et pourtant… » Le reportage « L’or noir de Guyane » (du même Nicolas Ransom) vient à son tour poser la question qui taraude. « La Guyane est un joyau, un apport considérable pour la France dont elle doit être fière, et tout y reste en suspens », lâche Samira Ibrahim. On étudie l’industrie pétrolière et ses grandes compagnies pour mieux savoir comment cela pourrait profiter aux populations locales. Hélas, voir Christiane Taubira batailler seule pour réformer la législation, laisse à penser que cette préoccupation n’est pas générale… Cette soirée guyanaise a l’avantage de sortir des clichés habituels sur la Guyane, mais à l’instar du pont sur l’Oyapock ou des retombées futures du pétrole pour les Guyanais, ces films questionnent, mais leurs questions restent en suspens.
Un pont trop loin (52’) de Nicolas Ransom
L’or noir de Guyane, (26’) de Nicolas Ransom
Samedi 30 mai à 20 h 30 sur France Ô