Talents Guadeloupe - tradition ka
La tradition entre en scène au New Morning
Dimanche dernier, c’est au New Morning que le festival Talents Guadeloupe avait rendez-vous avec les amoureux de la musique traditionnelle. Le public est venu nombreux et en famille écouter, chanter et danser sur les mélodies d’antan. Une prestation en trois dimensions, carnavalesque avec le groupe Bwa Bandé, biguinante avec Rony Théophile et gwokiste avec Eric Cosaque.
Dès l’entrée en scène des hommes de Martine, la directrice artistique de Bwa Bandé, Rodrigue Théophile et Manchinie, c’ est explosif ! Ils sont une quinzaine sur la scène. Tanbouyé et répondè, danseurs. Un démarrage au rythme d’un déboulé. C’est Lésé yo palé. Puis vient la temporisation et les hommages aux grands musiciens et chanteurs guadeloupéens disparus, Vélo, Carnot, Gilles Floro, Patrick Saint-Eloi. Ils chantent Elwa Ô. A deux reprises le groupe a chanté le respect de la mère au foyer et démystifié le regard sur les SDF… Et voilà l’infatigable Rony Théophile qui fait admirer ses pas. Rony Théophile est l’ambianceur numéro un au box office de la biguine actuelle. I
l entame par une prière, une ancienne chanson de Joby Valente, (celle-ci s’émeut dans la salle)… Puis, il se lance dans une musique de bal ; le public en redemande. L’espace bondé s’est transformé en piste de danse. Ambiance paillotte, ambiance bal nègre du temps jadis... Durant plus d’une heure, Rony a repris des classiques qui ont fait swinguer la foule, sans relâche. Marie Josée Gibon, n’y résiste pas.
Erick Cosaque prend la suite, avec sa caquette rouge vissée sur la tète et son micro collé à la bouche, Le maitre du Ka et gardien de la tradition est accompagné de Marc Giorgi, Christian Mandel, Herman Chéron, Friz Nafer, Rodrigue Cosaque, Jean-Marie Négoce, Batista dit le jongleur, et, seule femme du groupe, Annette Nicolas, une amoureuse du graj. Ils déclinent les sept rythmes du gwo ka et ses variantes. Cosaque joue un gwo ka authentique depuis Voltage 8 ; il est le maitre du kafouyé sur les ondes de RCI Guadeloupe. En fin du mois sortira son dernier opus, Les meilleurs de Cosaques, vingt trois titres.
Alfred Jocksan (agence de Presse GHM)
Eric Cosaque : « C’est un don que Dieu m’a légué, enseigner la musique et faire corps avec la tradition. C’est ma mission. Ici, nous avons une jeunesse qui nous appartient et c’est notre devoir de venir vers elle pour lui transmettre les valeurs de mon peuple. Ils sont les enfants du pays et on ne doit pas les oublier. Ils doivent pouvoir parler avec les autres, de leurs cultures, d’un minimum de ce qui est la tradition de leur pays. Pour moi, c’est tout un bonheur de les voir réagir devant la scène. Je suis un homme heureux. La musique est une richesse. La transmission est une valeur sûre. Les musiciens de la musique traditionnelle ne font pas fortune mais, moi je suis riche de ce que j’enseigne et transmets au. Malgré le malheur qui a frappé la Guadeloupe et le deuil, j’accomplis ma mission avec fierté et des larmes sur le cœur. On ne peut pas séparer le peuple de son nombril. Le kacéco, le bèlè, le gwo ka, le danmié, le ti-bwa, tout ça appartient aux Nègres et on ne pourra pas les éloigner de cette musique. Sé tannou ».
Ils ont dit
Rony Théophile
Son dernier album Cœur Caraïbes chez Aztec musique propose un voyage dans son univers : « Je constate que c’est une très bonne chose de mettre en avant la culture musicale guadeloupéenne en Hexagone. La France est un pays qui rassemble tout le monde. Nous avons les gens de l’orient, de l’occident, les Européens. C’est aussi une façon de faire découvrir à tout ce monde notre richesse. C’est merveilleux ! Mais il faut savoir que nous, les artistes, nous sommes là pour donner du plaisir. Je veux que les gens qui viennent me voir repartent heureux. ».
Rodrigue (de Bwa bandé)
« En répétition je disais à mon ami Manchinie : « Est ce que le peuple va répondre ? » Le peuple est demandeur et ce soir nous avons répondu à leur appel. C’est important pour moi. »
Manchinie de Bwa bandé
« Je constate que notre musique à pris de l’ampleur et avec ce petit plus que nous avons introduit, avec le rythme du dance-hall, ça a fait vibrer tout le monde. Ça, c’est vraiment le top. »
![Jocelyn-Mirre-de-la-region-guadeloupe-photo-A--Jocksan.jpg](http://img.over-blog.com/477x500/0/43/76/82/FX-26/Jocelyn-Mirre-de-la-region-guadeloupe-photo-A--Jocksan.jpg)
"Guadeloupe, terre d'artistes"
Quel bilan faites-vous de ces trois jours de festival « Talents Guadeloupe » à Paris ?
C’est un véritable succès. Les artistes guadeloupéens ont fait honneur à la tradition guadeloupéenne. 2011, c’est l’année des outre-mer. Le président de la Région Guadeloupe, Victorin Lurel avait prévu, de transporter les artistes guadeloupéens pour les mettre en valeur à Paris, dans la capitale. Nous sommes heureux d’avoir pu ouvrir ce festival en ayant trois superbes plateaux. Ils ont déjà les pieds à l’étrier comme vous avez vu. Mais, il faut qu’ils portent plus haut la musique de Guadeloupe. Au Guadeloupe festival, c’est l’ensemble de la Caraïbe qui y participe et ça se passe en Guadeloupe. Mais, nous voulions cette fois, avec tous nos compatriotes qui sont présents ici dans métropole, avec la Réunion, la Martinique, la Guyane, tous ceux qui sont là et qui se sentent profondément antillais, rehausser cette image. Nous allons pérenniser cette manifestation pour mettre en valeur nos jeunes qui démarrent et que les ainés puissent les accompagner. Victorin Lurel me disait que la culture de la musique doit pouvoir émerger et s’exporter ailleurs. Nous avons profité de cette opportunité de l’année des outre-mer.
Pour vous, la musique est-elle une nouvelle vitrine du savoir faire guadeloupéen ?
La Guadeloupe est une terre de culture, une terre d’artistes, une terre de sportifs. Ces gens qui rayonnent, qui émergent, font parler de la Guadeloupe. Quand nous disons et nous prenons exemple sur cet emblème : Guadeloupe terre de sports, terre de champions, nous souhaitons aussi pouvoir dire : Guadeloupe terre de musiciens, terre d’artistes. La terre de toutes celles et ceux qui font qui font parler de la Guadeloupe, qui ont l’âme guadeloupéenne et qui travaillent pour que la Guadeloupe soit reconnue là ou elle est.
Quel a été votre coup de cœur sur ce trois jours de festival Talents Guadeloupe ?
« PHU », Patrick Hulman, je l’ai baptisé comme ça. PHU a fait quelque chose de merveilleux. En faisant chanter, danser, samedi au deuxième jour du festival, au Casino de Paris, les Guadeloupéens pour qu’ils pensent à PSE. Cet hommage m’a vraiment marqué. Je lui ai vu couler des larmes. C’est le profond respect pour un homme qui est parti et avec qui il a fait de la musique. Il a aussi été l’un des seuls à parler de Marie-Galante. Il a laissé entendre que Marie-Galante était une terre rude, une terre dont on est fier, une terre dont on peut tirer des enseignements, une terre qui a fait un artiste. Ça c’est beau.
Propos recueillis par Alfred Jocksan (agence de Presse GHM)
Le concert en images (Photos Alfred Jocksan)Annette Nicolas, la danseuse d'Erick Cosaque
Le groupe Bwa bandé
Marie-Céline Chroné
Rony théophile
Les danseuses de Bwa bandé
Dans le public, Jean-Michel Rotin
Laura Beaudi, en madras pour une autre version de Mme Loyale
Rodrigue et les tanbouyés de Bwa bandé
Rony Théophile et James Germain
Solo de kalbass avec Rodrigue et Eric Cosaque
José Pentoscrope et Joby Valente au son du ka
Martinen la présidente de Bwa bandé
Marie-Josée Gibon et Rony Théophile
Rony face à la foule
Ils étaient là
Bertrand Robert, Marc Vizy et Jocelyn MirreJimmy Blanche et Joby Valente
Les chanteurs de Bwa bandé
Marie-Christine Chroné et Rodrigue