Stéphane Hayot auditionné à l'Assemblée nationale
« On a changé ! »
Le directeur général de GBH, Stéphane Hayot, s'est défendu de toute responsabilité dans la vie chère en Outre-mer – et a appelé de ses vœux un soutien de l'État pour compenser les « frais d'approche » – lors d'une séance de questions-réponses parfois tendue, ce mercredi 2 avril, à la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.
Il l'a répété inlassablement, sans se départir de son calme et de la déférence due aux élus de la représentation nationale : « Nous ne sommes en oligopole ou en monopole nulle part ! Notre métier est difficile, si nous n'avions pas constamment à l'esprit l'intérêt de nos clients, nous nous casserions la figure comme d'innombrables acteurs de la grande distribution avant nous... »
Face aux députés de la commission des affaires économiques, réunis ce mercredi 2 avril afin de faire le point sur « la situation et les perspectives d'activités de GBH en France », Stéphane Hayot était sur une ligne de crête. Parfois pressé de questions gênantes par les élus - « Vous vous êtes accaparé la terre, quand le peuple galère, GBH prospère ! », lui a lancé le député (GDR) de la Réunion, Frédéric Maillot – le directeur général de GBH, fils du fondateur Bernard Hayot s'est justifié, sans aller jusqu'à faire profil bas.
Interrogé par l'hyper éphémère ministre des Outre-mer, le député (LR) Philippe Vigier, le patron martiniquais a reconnu que son groupe avait « des progrès à faire pour restaurer la confiance. Nous avons sûrement trop tardé à déposer nos comptes. Peut-être que nous avons réalisé trop tard que notre entreprise avait grossi et que le regard avait changé sur elle. Cela a généré de la suspicion. On a changé : on a déposé nos comptes et nous le ferons désormais chaque année. Nous publions les comptes consolidés de nos entreprises et de leurs filiales : la transparence sera totale ! »
"Pas de cabinet de lobby non déclaré"
Ce moment de mea culpa a toutefois été bien unique dans l'heure et demie qu'a duré l'audition de Stéphane Hayot, entouré de son directeur pour la Martinique ainsi que de son directeur pour l'océan Indien. Pressé de questions sur l'enquête ouverte par la Haute autorité de la transparence de la vie publique (HATVP) après les révélations du journal Libération, Stéphane Hayot assure s'être rapproché de l'institution afin « d'expliquer » l'activité du groupe et de rassurer les autorités. « Nous n'avons pas de cabinet de lobby non déclaré et si nous avons omis de déclarer quoi que ce soit, nous le ferons bien évidemment. »
Plus généralement, le directeur général de GBH a beaucoup insisté sur la « concurrence très vive » auquel il est confronté. Les « profits suspects » évoqués par la presse ? « Des propos caricaturaux ». Les « marges abusives » et « empilées », dénoncées dans le rapport de la commission d'enquête menée par l'ex-député martiniquais Johnny Hajjar ? « Il faut comparer ce qui est comparable. Nous avons des bénéfices de 2% et en réalité nous sommes proches de 5% sur la marge nette. C'est moins que le groupe Auchan en métropole. Le vrai sujet ce sont les frais d'approche et l'éloignement de nos sources d'approvisionnement », concluait Stéphane Hayot. « Il faut mettre en place la compensation des frais d'approche, la continuité territoriale. Maintenant ! »
FA Paris