Chaire outre-mer bis repetita
La nouvelle directrice de la chaire outre-mer de Sciences-Po, Camille Mazé-Lambrechts, entourée du préfet Jacob de la DGOM et du constitutionnaliste réunionnais, Ferdinand Mélin-Soucramanien.
Science-Po Paris relance sa chaire outre-mer
En 2021 déjà, l'école de la rue Saint-Guillaume avait lancé – en grande pompe et sans que les travaux s'avèrent à la hauteur des attentes suscitées – une chaire consacrée aux outre-mer. Le nouveau département universitaire « chaire outre-mer et changements globaux » entend donner une place particulière aux enjeux liés au changement climatique et à l'écologie.
« Dans cinq ans, promettait en 2021 le politologue Martial Foucault, premier titulaire de la chaire outre-mer, pas un étudiant ne doit terminer son cursus à Sciences Po sans avoir suivi un cours sur l’outre-mer. » Et voilà qu'on ré-inaugure en 2025 ce qui avait été créé en 2021. La promesse n'a pas été tenue malgré une subvention de 700 000 euros du ministère des Outre-mer qui devait permettre deux ans et demi de fonctionnement.
La chercheuse Camille Mazé-Lambrechts a repris la suite de Martial Foucault, parti exercer dans un institut de recherche piloté par l'armée à la fin de l'année dernière, quand son secrétaire général, Mikaa Mered, a quitté ses fonctions dès le début de l'année 2023. Lors de ses prises de parole inaugurales, la nouvelle titulaire de la chaire n'a pas jugé bon de mentionner son prédécesseur. Il était bien davantage question de « renaming » et de changement de cap : « À l'interface entre sociologie et écologie nous privilégions les notions de communauté et de population », assurait-elle face à un parterre de personnalités – dont le ministre des Outre-mer, Manuel Valls. Son ministère, via la Direction générale des Outre-mer (DGOM), soutient encore la chaire. « Nous aurons un comité éthique pour savoir qui nous finance, en lien direct avec les territoires ultramarins », confiait Camille Mazé-Lambrechts dans son discours inaugural sans plus de détails.
Partenariat avec Titouan Lamazou
La composition de ce comité d'éthique dit encore « comité des partenaires » ou « comité des parties prenantes en charge de la stratégie » n'est pas encore publique. Des personnalités de l'île de la Réunion, le constitutionnaliste Ferdinand Mélin-Soucramanien et l'animatrice Marie-Christine Ponamalé, en font déjà partie. Pour l'heure aucun nom d'Antillais ou de Guyanais n'a fuité.
« Nous allons continuer à augmenter le nombre d'étudiants ultramarins à Science-Po », assurait pour sa part Luis Vassy, le directeur de l'école. Il a annoncé la création, dans quelques semaines, d'une école du climat avec une focale outre-mer. « Les Outre-mer sont en première ligne sur les sujets stratégiques, sociopolitiques et environnementaux. » Pour l'heure, le projet le plus avancé de la nouvelle « chaire outre-mer » est un partenariat avec le bateau-atelier de Titouan Lamazou, un atelier d'artistes itinérant dans les eaux de la Polynésie française.
A noter que l'école de sciences politiques de Saint-Germain-en-Laye dispense une vraie formation outre-mer depuis plusieurs années avec notamment la participation de l'historien Sylvain Mary.
FA Paris