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Publié par fxg

Esther Eloidin, biographe de Jacques Schwartz-Bart

« Les influences croisées de la musique juive et du gwoka » de Jacques Schwartz-Bart

L'ethnomusicologue Esther Eloidin, autrice d'une thèse sur « l'évolution de la société martiniquaise à travers des textes de chansons antillaises du XIXe au XXIe siècles », publie chez Caraïbéditions une biographie du jazzman antillais Jacques Schwarz-Bart. À 63 ans aujourd'hui, né en Guadeloupe, fils des très célèbres écrivains André et Simone-Schwarz Bart - les parents de La mulâtresse Solitude - Jacques Schwarz-Bart est un monument de la musique caribéenne contemporaine. Esther Eloidin le raconte de façon à la fois brillante et intime dans son livre.

Pourquoi avoir choisi Jacques Schwarz-Bart ? Est-ce une manière pour vous, en tant que scientifique, de consacrer sa place dans la musique caribéenne et même mondiale ?

« Il ne faut pas attendre que les gens soient décédés pour leur rendre hommage ! Je cherchais une continuité par rapport à l'oeuvre des parents de Jacques Schwarz-Bart et je l'ai trouvée. C'était aussi une façon de tenter d'expliquer le processus de création des artistes et musiciens de la Caraïbe. Personnellement, j'ai suivi une filière de musicologie et j'ai du quitter la Martinique, parce qu'il n'y avait pas de formation sur le territoire. On manque de formations mais aussi d'ouvrages théoriques sur les pratiques musicales de nos artistes, sur notre culture. Mon but n'était pas seulement de travailler sur Jacques mais sur tous les musiciens de la Caraïbe, pour fournir des ouvrages utiles à l'enseignement scolaire de la musique ainsi que la filière musicologie à l'université. »

Jacques Schwarz-Bart est un artiste aux influences particulièrement multiples, vous les détaillez dans votre ouvrage.

« Son père était juif et sa mère guadeloupéenne : il y a donc dès le départ, dans l'enfance de Jacques, une influence croisée de la musique juive et du Gwoka. Et puis, il y a aussi tous les artistes qui ont traversé leur villa la Souvenance, à Goyave, en Guadeloupe. Jacques a étroitement collaboré avec de grands compositeurs de jazz comme Danilo Perez ou Roy Hargrove. Mingus l'a aussi beaucoup influencé parce que c'est un compositeur très organique. Louis Armstrong et ses gospels l'ont fortement marqué. Haïti est très présente. Jacques Schwartz-Bart a été bercé par des influences particulièrement multiples, en effet. »

Dans votre livre, vous évoquez le concept d'« inter-mélodicité », de quoi s'agit-il exactement ?

« L'inter-mélodicité, c'est la manière dont un artiste réussit à faire référence à d'autres artistes déjà connus, pas seulement en récupérant des extraits de morceaux mais en agissant directement sur l'écriture. Dans l'oeuvre de Jacques Schwartz-Bart, on trouve mises en musique des prières juives que des pratiquants juifs pourront reconnaître tout de suite, mais qu'il s'est absolument réapproprié. L'inter-mélodicité est à la musique ce que l'intertextualité est à la littérature. »

Propos recueillis par FA Paris

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